Bon alors, c’est l’histoire d’un canard qui…
Mais non, pas du tout, c’est pas du tout l’histoire d’un canard ! C’est l’histoire tragique de la femme trompée par son mari cocu qui voudrait bien récupérer sa femme délaissée sur le point de le quitter pour partir en Italie avec son amant...
L’air de rien, c’est tragique cette histoire de canard.
Y a pas de canard je te dis… C’est du Guitry à l’anglaise. C’est léger, ça casse pas trois pattes à un canard, mais c’est désopilant.
Ah ! tu vois qu’il y a un canard !
Meuh non y en a pas… Y a pas de canard je te dis !
Mesdames, Messieurs, voici une épastrouillante comédie gaie. Voici une comédie de boulevard qui à sa manière nous replonge dans les années ’70. Le temps des chefs de famille et des femmes au foyer. Le temps où chaque personne avait sa place et la place était dévolue à chacun·e. Ce temps « béni » du monde d’avant #Metoo, un vrai boulevard quoi. N’hésitez pas, prenez place, laissez faire… c’est vintage ! Ça va vous changer des tragédies épidémiques. Coin, coin.
PS : Mais, arrête, y a pas de canard !
Michel Kacenelenbogen, Tania Garbarski - © Photo Gaël Maleux
Laure Godisiabois, Tania Garbarski - © Photo Gaël Maleux
Le théâtre Le Public met les petits plats dans les grands pour faire renaître à Bruxelles ce vaudeville de William Douglas Home que l’on appelle aussi le Guitry anglais.
La recette ? Nicolas Briançon à la mise en scène (il en avait fait un triomphe à Paris en 2018) ; Michel Kacenelenbogen, le directeur du Public, dans le rôle du machiavélique mari cocu ; Charlie Dupont dans le rôle de l’amant qui reprend pour l’occasion son accent bruxellois de Serge dans "Il était une fois, une fois"(en alternance avec Fred Nyssen) ; Tania Garbarski, la séduisante épouse trompée en quête de revanche ; Laure Godisiabois, une gouvernante au déhanché suggestif et Marina Pangos, la secrétaire arriviste à la démarche cadencée et sautillante, le tout sur fond sonore de "Stand by Me" de Ben E. King.
Damandez Le programme - Palmina Di Meo - 23 novembre 2022
Le moins que l’on puisse écrire, c’est que le public a de quoi se lécher les babines avec ce Canard à la sauce belge. Prenez un texte parfaitement ficelé à l’humour so british, mais truffé de répliques piquantes façon Guitry (à chaque époque, ses mœurs, et W. Douglas Home ne ménage pas la gent féminine, avec, dans la bouche de Hugh, en particulier, une condescendance toute machiste), une dramaturgie saisie à point, une brochette d’excellents interprètes qui se délectent d’être sur scène, et vous avez la recette d’un vaudeville aux petits oignons. Assurément, tous les ingrédients sont mitonnés pour n’avoir qu’une seule envie : se resservir.
La libre Belgique - Stéphanie Brocart - 23 novembre 2022
Michel Kacenelenbogen, Fred Nyssen, Marina Pangos - © Photo Gaël Maleux
Version pleine page (seule version disponible monde Apple)
Faisons connaissance avec Nicolas Briançon. Après le succès de sa mise en scène en France, il recrée la pièce au Public avec une distribution belge. L’envie de s’éclater entre copains reste intacte.
Bonjour Nicolas, bienvenue au Théâtre le Public. Comme c’est la première fois que nous vous accueillons, pouvez-vous nous dire qui est Nicolas Briançon ?
Je viens d’avoir 60 ans le 29 juillet dernier, je ne vous dis pas ça pour vous raconter ma vie, mais pour vous donner une idée de la durée de ma carrière. J’ai commencé assez tôt, j’avais 21 ans quand j’ai signé mon premier contrat professionnel et je n’ai jamais arrêté de travailler depuis.
La première période de ma vie théâtrale, je l’ai vécue dans une compagnie. Ce fut une époque fondatrice, essentielle pour apprendre le métier tel que je le pratique encore actuellement. Si je vous dis qu’on se situait dans un village de 900 habitants dans les années ‘80 au fond du Lot-et-Garonne, vous allez vous dire que ça devait sentir le pétard, le four à émaux et le macramé, mais pas du tout. Notre compagnie était vraiment pro. La jeune première s’appelait Muriel Robin, elle donnait la réplique à Élie Semoun et à Nicolas Marié. J’y ai aussi rencontré Albert Dupontel et Michel Fau, tant de gens qui font encore partie de mon paysage professionnel actuellement.
On faisait tous de tout. Le jeu, la régie, la mise en scène. On est partis en tournée sur les routes de France dans une ambiance à la Capitaine Fracasse. Pour moi, ça a duré pendant trois ans. Mais j’aime changer, alors, j’ai fait un passage de deux saisons à la Comédie Française et on m’a fait ensuite une proposition que je n’ai pas pu refuser : jouer dans Bacchus de Jean Cocteau avec Jean Marais ! Une aventure formidable qui m’a mené pour la première fois à Bruxelles, puisque Bacchus a fait partie, comme tant d’autres, de la tournée des Galas Herbert-Karsenty accueillis au Théâtre des Galeries. Ensuite, j’ai joué Les chevaliers de la Table ronde de Cocteau, mais surtout, c’était ma première mise en scène importante, toujours avec Jean Marais. Ce fut d’ailleurs son dernier spectacle.