Tout le monde a déjà écrit une lettre d’amour.
Ici, la correspondance dure toute une vie. Ce qui implique que l’espérance, comme le désir, se perpétuent, s’enrichissent et se transforment. superbement rythmée, au cœur de tout ce qui compte, du jardin de l’enfance au jardin éternel, l’auteur explore l’art de la théâtralité jusque dans ses abîmes. Côte à côte, sans se voir, l’homme et la femme s’écrivent et sont en porte-à-faux, parce que le temps du courrier n’est pas le temps de la vie. C’est triste ou désopilant mais c’est toujours inattendu. Patricia Ide et Michel Kacenelenbogen se prêtent sur scène aux jeux de l’amour et du hasard de la correspondance. Et ça donne une furieuse envie d’écrire des mots d’amour.
Tout au long de leur vie, une femme et un homme vont s’aimer... par correspondance. Phrases griffonnées sur des cahiers d’écolier, lettres d’amour adolescentes, appels au secours, complicités. Devant nous, ils relisent les lettres et nous font voyager à travers les époques, au fil des rencontres, dans leur intimité. Des petits faits insignifiants aux grands drames de leurs vies, on les suit avec tendresse.
Écrite à la fin des années 80, cette pièce a la particularité qu'elle ne doit pas être mémorisée par ses interprètes puisqu'elle doit être directement lue sur scène. (…)
Chacun lit ce qu’il a écrit à l’autre. Et c’est là que se niche toute la force de l’interprétation : rendre par la voix des émotions, des confidences couchées sur le papier tout au long d’une vie. Cette même voix qui, par ses inflexions, ses silences permet aux spectateurs de saisir le caractère, l’univers social, le mode de pensée, les réactions, la tension… de chaque personnage.(…)
Empreint de douceur, Love Letters nous rappelle tout le charme des échanges épistolaires. Dont d'aucuns sûrement se sentent nostalgiques à l'heure des textos, Whatsapp, Twitter… souvent dépourvus d'âme et de consistance.
Stéphanie Bocart - La Libre Belgique - 26/11/2021
Vous est-il déjà arrivé, à la fin d'un spectacle, d'avoir envie de monter sur scène et de serrer les comédiens dans vos bras, pour les remercier de la justesse de leur performance et de tout ce qu'ils ont donné aux spectateurs?
L'énorme point positif de ce spectacle, ce qui le rend, selon moi, incontournable, qui fait que vous ne devriez pas le rater, c'est l'interprétation des comédiens! Patricia Ide et Michel Kacenelenbogen sont parfaits (même quand les cartes postales sont un peu mélangées et qu'ils doivent en sauter une pour y revenir ensuite ;) )! Ils parviennent à rendre leurs personnages réels, alors même qu'ils ne s'adressent jamais directement la parole, ni ne se regardent, puisque chacun se contente de "lire" les lettres. Enfin, "lire"... interpréter, bien plus que lire. Les regards et les postures disent tout, de l'ironie des sous-entendus à la réelle détresse ressentie par chacun. Michel Kacenelenbogen est un Andy un peu facétieux, enfant, qui devient ensuite un jeune homme sérieux, droit, cédant peu à ses émotions, pour finir en sénateur un peu trop rigide et soucieux de son image. Quant à Patricia Ide... sa Melissa est extrêmement touchante, enfant rebelle cherchant sa place dans une famille séparée, artiste non conformiste oscillant entre périodes d'euphorie et dépression profonde…
Blog "Miss Emelle va au théâtre"
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De retour sur scène, ensemble, dans "Love Letters", Patricia Ide et Michel Kacenelenbogen s’y prêtent aux jeux de l’amour et du hasard de la correspondance.
Et alors, jouer ensemble, qu’est-ce que ça vous fait ?
Patricia Ide : Je dirais que quand on joue ensemble, l’intimité du quotidien révèle une saveur particulière dans le travail et qu’on peut l’insuffler à nos personnages.
Michel Kacenelenbogen : Et puis, c’est amusant de jouer un autre couple.
Patricia : Surtout un couple qui n’a rien à voir avec le nôtre, qui ne nous ressemble pas.
Michel : Et heureusement ! On ne fait pas du théâtre pour jouer sa propre vie. Si c’était comme à la maison, où serait l’intérêt ?
Patricia : Leurs vies n’ont rien à voir avec les nôtres, mais on s’inspire quand même de nos émotions à nous pour construire les personnages.
Michel : Bien sûr, mais notre fonctionnement c’est tout le contraire de celui de Melissa et Andrew. Nous, on s’écrit rarement, à part des SMS quand il faut ramener du pain, mais on vit et on travaille ensemble.
Patricia : On travaille ensemble, mais en 40 ans de vie commune, on n’a pas souvent joué ensemble. Je me souviens d’un Médée au conservatoire où tu jouais déjà mon mari.
Michel : C’était un mini rôle et ce type était une nouille.
Patricia : Oui, mais tu étais mon mari ! Après, c’était dans Le moine de Lewis avec Thierry Salmon à la mise en scène, mais on n’était jamais ensemble.
Michel : C’était à l’époque de "L’Imagier Singulier". Ce travail avec Thierry Salmon a été déterminant pour nous. Il nous a beaucoup inspirés quand nous avons créé Le Public.
Patricia : Après il y a eu le B.E.F.
Propos recueillis par Deborah Danblon.