Triangle rose, étoile jaune: un amour passionnel
Deux hommes qui s'aiment avec des mots
Disons-le tout de suite, ce spêctacle figure "à part" dans l'histoire du Festival Bruxellons! … A la vision du spectacle, ce fut un véritable choc. Le propos, la mise en scène, les acteurs, … Un choc. Comme on en voit un ou deux par saison. Le genre de spectacle que l'on rêve de partager avec les spectateurs du Festival Bruxellons! Mais … problème. Ce spectacle était produit par une compagnie de théâtre amateur. Nous nous sommes longtemps interrogé quant à sa programmation dans notre Festival. Et nous avons conclu que le talent ne nécessitait pas de diplôme. Et donc qu'il était indispensable de vous le proposer, simplement parce que ce spectacle parle terriblement d'hier, et espérons jamais de demain.
Berlin. Juin 1934. Max. jeune homosexuel insouciant vit avec Rudy, un danseur de cabaret. Au lendemain de la nuit des long couteaux, leur vie bascule : la Gestapo débarque chez eux. Commence alors pour ces deux garçons un peu paumes la folle spirale de la peur et de la fuite. Pour survivre, il leur faut, en effet, se cacher et tenter de quitter l’Allemagne. Peine perdue : ils sont tous deux arrêtes et envoyés à Dachau. Rudy n'arrivera jamais à destination et Max, terrorisé, reniera son ami... Dans le camp, avec son lot de tortures, de travaux répétitifs, épuisants qui contribuent à la destruction programmée de l’individu, Max fait la connaissance de Horst qui va l’aider à se découvrir, à s’affirmer, à aimer vraiment... Ainsi, il trouvera le courage de résister à l'arbitraire du système concentrationnaire nazi, et dans un ultime défi, il prouvera que rien ne pourra détruire sa part d’humanité.
Pas encore de presse sur ce spectacle
La prestation de Gaëtan Bergez et de Bastien Craninx dans les rôles, difficiles à incarner, de Max et de Horst, est remarquable (…) Une interprétation juste et intense qui plonge dans cette période lointaine et oppressante, si proche de l’actualité, (Romane Milcent)
«BENT» qui illustre le traitement des homosexuels, souvent oubliés parmi les victimes du régime concentrationnaire nazi, nous fait ressortir grandis en ayant suscité en nous l’indispensable devoir de mémoire. (Floriane Adriaens)
«To Bent or not to Bent?» On ressort de cette pièce bouleversé, grandi, en aspirant à la tolérance et à la liberté. Ce sera donc « to bent »! (Guillaume Lejeune)
Encore bouleversée par cette pièce forte qui secoue les consciences... un grand bravo à Grégory pour sa mise en scène inventive, comme à chaque fois, et aux comédiens pour l'émotion transmise (Danielle Leder )
Une pièce bouleversante, vue hier soir... une mise en scène extra, un jeu d'acteur époustouflant. Merci Grégory et Gaétan pour ce moment dont on ne sort pas indemne et ... les yeux rougis par les émotions. (Virginie Delannoy )
À ne pas manquer !! Peu de mots pour exprimer les émotions ressenties au travers de cette pièce de théâtre! Énormes talents sur scène! (Françoise Delhaye )
Version pleine page (seule version disponible monde Apple)
Malgré tous les témoignages que l’on peut lire – nouvelles, récits autobiographiques, souvenirs – il est difficile de donner une image exacte de l’étonnante atmosphère qui régnait alors à Berlin. La ville est de longue date un carrefour artistique, littéraire et politique. Il y a le Berlin de la bourgeoisie et celui des ouvriers, le Berlin des émigrés russes et celui des soviétiques, avec Biely, Ehrenburg, Maïakovski, Essénine qui se disputent dans les cafés. Mais ce qui frappe le plus dans toutes ces descriptions, c’est la misère croissante qui affecte la grande capitale.
Suite
Avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir, l’Allemagne était en Europe un exemple de tolérance à l’égard de l’homosexualité. En 1903, le docteur Magnus Hirschfeld lança une pétition pour abroger le paragraphe 175 du code prussien adopté en 1871 et qui punissait d’une peine de prison de 5 ans et de perte des droits civiques “les rapports contre nature entre les hommes”. Sa pétition recueillit plus de 6000 signatures parmi lesquelles celles de Rilke, de Thomas Mann, d’Einstein, de Freud, de Zola…
Avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir, les homosexuels durent faire face à une montée de violence et les nazis mirent à sac l’Institut Hirschfeld. La persécution se justifia désormais par des raisons d’hygiène publique et de préservation de la race, l’homosexualité étant présentée comme un risque pour la fécondité allemande et donc pour son devenir démographique. Dans le discours de 1937, Himmler analyse les raisons de cette condamnation à la lumière des idéaux nazis. L’homosexualité est aussi considérée comme un état dans l’état et comme une atteinte à l’idéal de virilité véhiculé par les sculptures de Arno Brecker. Dès lors, plus de 100 000 personnes seront fichées et on estime le nombre de déportés pour homosexualité entre 5000 et 15000 personnes.
Le fameux paragraphe 175 revisité par les nazis ne sera aboli qu’en 1967 en RDA et en 1969 en RFA. Voilà pourquoi beaucoup d’homosexuels ont choisi le silence à la sortie des camps… De retour à la vie civile, le cauchemar a continué , écrit Pierre Seel, car “l’homosexualité restait synonyme de honte et de péché mortel dans la société catholique et bourgeoise d’après-guerre”.