Il était une fois Marianne, une jeune fille
qui rêvait d'une autre vie…
"Rien ne donne autant le sentiment de l'infini que la bêtise"
Des gens simples qui rêvent, qui s'aiment, qui souffrent, qui se trahissent …
La vie, tout simplement
On est sorti heureux de la première des « Légendes de la forêt viennoise », à plusieurs titres : le plein air du Karreveld sans pluie et pas (trop) froid, c'était déjà pas mal; une pièce forte, qui fait mouche à chaque réplique, et qui, écrite en 1930, nous touche de plein fouet, c'est encore mieux. Et découvrir un très jeune metteur en scène, Patrice Mincke, qui affronte pour la toute première fois 19 personnages dans une structure éclatée, sous les étoiles, et qui emporte sans faillir comédiens et spectateurs, c'est encore plus rare et on applaudit sans réserves !
Marianne joue sur du velours avec l'intense et parfaite Jasmine Douieb, Nicole Valberg explose dans tous les registres du rôle de Valérie la buraliste ; Philippe Vauchel, en charcutier, déploie aussi une palette de jeu qui vous prend à la gorge. Le jeune Alexis Goslain, encore un peu vert, donne une nonchalance désarmante à Alfred. Et l'on pourrait encore vous citer Viviane Collet, grand-mère teigneuse, meurtrière, l'inénarrable Pierre Fox en major vétéran, Pierre Pigeolet, Gérald Wauthia, Pierre Plume, etc.
Le Soir - 26/7/2002 - Michèle Friche
Le metteur en scène a su mener au rythme qui convient cette sarabande de désirs qui fait songer à Schnitzler par endroits, à Brecht aussi, voire à Vitrac. L'humour grinçant débouche sur une émotion vraie: il y a du mélodrame sous la satire sociale.
La réussite du spectacle du Karreveld tient à l'interprétation généreuse et inspirée des acteurs. Ils sont tous justes dans des compositions attachantes, tour à tour drôles, odieux et pathétiques. `Qui aime bien châtie bien´, dit à plusieurs reprises le boucher auquel Philippe Vauchel confère ce qu'il faut de bonhomie cauteleuse et de sadisme larvé. Et l'on sent en effet chez l'auteur autant d'amour que de lucidité dans le regard qu'il porte sur ses semblables.
La Libre Belgique - 25/7/2002 - Philip Tirard