55 minutes de théâtre que vous n'oublierez jamais
Le coup de cœur du Club de la Presse au Festival d'Avignon a été décerné à une pièce belge "Sans racines et sans ailes", parmi plus de 900 spectacles présentés
Ce dialogue père-fils, à la fois « réel »(un vrai père et un vrai fils , tous deux comédiens et écrivains) et « imaginaire », (puisque, dans la réalité, père et fils sont des laïques convaincus). Mais lucides sur la crise des jeunes générations musulmanes en quête agressive d’identité.
En scène, Hamadi, un vieux routier des scènes belges et son fils, Soufian El Boubsi, jeune acteur prometteur. Tous deux auteurs du texte, ils interprètent un conflit de génération intra musulman, entre un père inspiré par l’esprit des lumières et un fils qui l’accuse de trahir l’Islam et d’être vendu à l’Occident. Deux monologues musclés qui résument deux rêves incompatibles : la religion comme viatique identitaire agressif ou la philosophie laïque, qui risque de fondre la personnalité du père dans un bain de rationalité sans frontières. Les arguments assez «carrés», parfois sommaires, portent leur poids d’actualité et font mouche sur un public ( jeune et moins jeune) pas nécessairement immigré, qui y retrouve ses interrogations.
On leur souhaite, à Bruxelles,et ailleurs, d’attirer toutes les générations et tous les publics. Il y a là un beau débat pour de jeunes adolescents, issus de l’immigration et leurs copains de classe (ou d’Univ) »autochtones ». Que les profs qui me lisent utilisent cet affrontement verbal de qualité pour amener leurs élèves au théâtre (premier but) et animer les discussions en classe (deuxième but).
C’est du win-win, « gagnant-gagnant » assuré.
RTBF - 15/4/2010 - Christian Jade