S'ils avaient le choix, les spermatozoïdes courraient-ils en frétillant vers l'ovule ?

Un spectacle drôle et émouvant, tout en douceur et en finesse.


La croyance dit que l'on revoit le film de sa vie quelques instants avant de la quitter... Le contraire est aussi vrai. On peut voir sa vie avant même d'y avoir mis un pied. La preuve par ce one-man show dans lequel Patrice Mincke anticipe l'existence de Colin, futur homme qui, à ce stade de l'histoire (le début!), n'en est pas encore bien loin dans sa bio puisqu'il n'avance qu'en remuant de la queue, c'est-à-dire en spermatozoïde. Sans doute poussé par ses nouvelles responsabilités de jeune père, Mincke prévient Colin: il n'aura rien sans rien, vivre est un métier et tout le boulot reste à faire ici s'il décide d'y venir...

Mais même si la tâche, parfois, effraie Colin, il semble que tout s'annonce bien pour lui, dans un destin dont les gros dossiers à surmonter se résumeront à une petite fiancée un peu trop indifférente, un divorce de parents, une dispute avec un ami et une fugue de grand-père - autant dire le minimum syndical de l'épine dans le pied. C'est donc à la chronique d'une vie de garçon annoncée à laquelle on est convié, Colin accroché au col de sa mère observant défiler les grandes étapes d'une existence qui, de toute évidence, sera la sienne. C'est Martine Willequet qui signe la mise en scène de ce joli spectacle- échographie qui, c'est rare, fouille dans l'intimité de la paternité et remonte à l'origine de la fabrication des mecs, sans éviter d'évoquer le meilleur du macho qui veille en eux : leurs faiblesses. Il y a des trouvailles dans le jeu et dans le texte de Mincke qui brille plus encore par sa sincérité. C'est marrant, c'est émouvant et c'est à voir entre futurs papas.

Mosquito - 2/4/2003

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