Si les médias aiment l'inviter pour son image d'artiste ténébreux, Samuel Benchetrit construit sur divers supports un travail singulier, proche de la littérature « beat », du cinéma indépendant américain voire de la photographie.
A la fois dramaturge, réalisateur, metteur en scène et écrivain, ce touche-à-tout s'inscrit dans la conception moderne de l'auteur, à la conjonction de la vie et de l'œuvre. On décèle dans ses écrits son propre vécu : 'Le Récit d'un branleur' se tourne vers l'ego, et les tomes successifs des 'Chroniques de l'asphalte' narrent sa vie en banlieue, existence cloisonnée entre les tours d'un quartier.
Le réalisme des souvenirs se confond souvent avec une ironie glaçante, qui transpire dans ses autres productions. Au théâtre, après avoir dirigé Jean-Louis et Marie Trintignant dans « Poèmes à Lou » d'Apollinaire, il crée sa première pièce, « Comédie sur un quai de gare », dans laquelle les protagonistes se retrouvent à attendre un train sur un banc et devisent dans un langage proche du quotidien. L'auteur impose un dispositif quasi similaire pour « Moins deux », situé cette fois-ci dans une chambre d'hôpital. Le cinéma enrichit encore sa palette d'expressions, avec « Janis et John » et surtout « J'ai toujours rêvé d'être un gangster ».
Le réalisateur se montre très à l'aise à diriger ses comédiens - dont Anna Mouglalis, sa muse - dans des aventures plutôt loufoques. S'appropriant plusieurs arts, Samuel Benchetrit adopte un parler vrai, se joue des étiquettes et crée une œuvre vraiment à part.