Musical (1996)


Musique: Jonathan Larson
Paroles: Jonathan Larson
Livret: Jonathan Larson

Né en 1960 à White Plains, à environ une demi-heure en dehors de New York City, Jonathan Larson a eu la chance d’avoir des parents qui aimaient le théâtre et l’emmenaient lui et sa sœur en ville pour voir des spectacles plusieurs fois par an - La bohème, un spectacle de marionnettes qu’il a vu à l’âge de cinq ans, peut bien avoir semé les graines de son futur succès.

Enfant, avec ses amis, il organise des spectacles dans le fond du jardin puis, au lycée, il est devenu si célèbre en tant qu’acteur que l’école a spécialement développé une formation de théâtre musical pour développer ses surprenant talents! Il a ensuite fréquenté pendant quatre ans l’Adelphi University pour devenir acteur. Jonathan commence à écrire ses propres musicals, et découvre qu’il est plutôt bon - ses professeurs se souviennent d’ailleurs de lui comme le meilleur compositeur qu’ils aient jamais vu. Dans sa dernière année à l’Adelphi, il écrit à son idole, Stephen Sondheim. Quand Jonathan lui déclare qu’il étudie pour devenir acteur mais que son grand amour est de composer de la musique, Stephen Sondheim lui donne le conseil crucial d’oublier sa carrière sur les planches: « Il y a beaucoup plus d’acteurs affamés qu’il y a de compositeurs affamés.»

Jonathan déménage à New York en 1982, vivant une «vie de Bohème» dans un loft du centre-ville qu’il partage. Pour lier les deux bouts, il décroche un emploi comme serveur dans un restaurant de SoHo, le Moondance Diner. Il commence à se faire un nom en écrivant des chansons pour Sesame Street et la musique pour un certain nombre de cassettes de livre pour enfants, dont An American Tail et The Land Before Time de Spielberg.

Il conçoit, réalise et écrit quatre chansons originales pour un musical (en vidéo) pour enfants, Away We Go!. En 1988, il emporte une subvention du Fond de développement de Richard Rodgers pour son musical rock Superbia, mis en scène aux Playwrights Horizons. L’année suivante, il obtient le Stephen Sondheim Award de l’American Music Theatre Festival, où il a contribué au musical Sitting on the Edge of the Future.

Dans les années ’90, son livret pour le musical JP Morgan Saves the Nation est présenté par En Garde Arts en 1995, alors qu’il jouait son propre musical (monologue) Tick, Tick,... BOOM! à New York.

Mais Jonathan veut transformer le théâtre musical. Il est un rocker qui a grandi en écoutant les Who, Billy Joel et Elton John ainsi que Stephen Sondheim et il veut mêler la vie et la musique contemporaines dans le théâtre musical.

En 1989, Jonathan avait rencontré l’auteur Billy Aronson, amoureux d’opéra. Ils ont l’idée de créer un musical qui «actualiserait» La Bohème de Puccini. Ils en discutent longuement et Jonathan pense à un titre: Rent. Deux ans plus tard, Billy Anderson lui permet de continuer le projet tout seul. Jonathan veut faire un spectacle sur ses amis: des gens modernes qui luttent pour vivre et créer dans des conditions impossibles. Et l’autre élément dont il veut se servir dans son musical est aussi présent dans Puccini: l’opéra entier se déroule sous l’ombre de la tuberculose, comme Jonathan trouve que sa génération vit avec le spectre quotidien du SIDA. Beaucoup de ses amis sont séropositifs, bien que Jonathan soit lui-même en bonne santé lui-même. Il estime que l’écriture de Rent fournirait peut-être une façon de donner du sens à ces terribles dilemmes quotidiens.
Mangeant et travaillant au minimum afin de se concentrer au mieux sur l’écriture, Jonathan travaille régulièrement sur Rent. En 1992, il termine la première ébauche et enregistre quelques chansons. Et puis, un beau jour d’été, c’est le coup de foudre pour un lieu en rénovation, le New York Theatre Workshop. Il sait immédiatement qu’il s’agit du lieu idéal pour créer Rent.

Le New York Theatre Workshop organise une lecture du musical au printemps 1993. Le directeur artistique Jim Nicola est stupéfait par l’intensité de la réponse du public présent. Toutefois, il restait cependant encore un long chemin à parcourir avant que Rent ne soit prêt pour une véritable série dans un théâtre, devant du ‘grand public’. Sur les conseils de Stephen Sondheim, Jonathan a demandé, et obtenu, une subvention de la Fondation Richard Rodgers de 45.000$ pour l’aider à produire un workshop, et c’est encore une fois Sondheim, plus tard dans le processus, qui rappelle Jonathan que le théâtre est une entreprise collaborative. Et Rent allait être la quintessence-même du processus collaboratif: Michael Greif devint le metteur en scène et a été impressionné par «sa jeunesse et son enthousiasme, et qu’il s’agissait d’un musical sur la vie contemporaine. Jonathan écrivait sur certaines personnes dont je me rendais compte que je les connaissais, que je les aimais ou les avait aimés.» Son sang-froid complétait parfaitement l’irrépressible optimisme de Jonathan, comme le rappelle Anthony Rapp, qui a créé le rôle de Mark: «Ce que Jon a apporté à Michael est une partie de son espoir et de générosité d’esprit. Et ce que je pense que Michael a apporté à Jon est un sens de la limite, du réalisme et de la complexité. C’était un bon mariage.»

En novembre 1994, le workshop a été un franc succès, malgré les défauts restants, et la deuxième semaine fut sold out.
Jim Nicola savait maintenant que Rent était le genre de spectacle sur lequel son théâtre pouvait parier.

Avec l’aide financière de Jeffrey Seller, Kevin McCollum et Allan Gordon, Nicola a décidé d’avancer en proposant un budget de 250.000 $, soit deux fois le coût de n’importe quelle autre production du New York Theatre Workshop dans le passé. Jonathan a trouvé une précieuse collaboratrice en la dramaturge Lynn Thomson. Mais juste au moment où Jonathan estimait qu’après six longues années il était arrivé au but, d’autres membres de l’équipe ont estimé que le spectacle avait encore besoin de nouvelles réécritures. Jonathan fit une dernière fois appel à Stephen Sondheim et a du convenir avec lui que la collaboration était l’essence même du théâtre. C’est à ce stade que les rôles du spectacle ont été attribués. Les interprètes étaient jeunes et sexy et cela semble avoir rendu l’inspiration à Jonathan inspiration et aussi une énergie nouvelle.
A partir de là, les choses ont rapidement évolué. En décembre 1995, la première traversée, totalement chantée, a lieu. Les répétions se poursuivent en janvier 1996. Il est apparu que, par pure coïncidence, Rent allait être créé à quelques jours du 100ème anniversaire de la création de La bohème. Bien qu’il ait mal à la poitrine et de la fièvre, Jonathan assiste à la dernière répétition et fait une interview pour le New York Times. Ce soir-là, une heure après son retour à la maison, Jonathan meurt d’un anévrisme de l’aorte à l’âge de 35 ans, à l’aube d’une prodigieuse réussite personnelle et professionnelle et d’une reconnaissance internationale.

Très peu de choses ont changé dans le spectacle après la mort soudaine de Jonathan. La troupe était déjà très unie, mais la tragédie les a encore plus liés les uns aux autres: «Cela nous rappelle a tous que l’essentiel est ce que nous faisons de nos expériences, parce que demain ne nous est pas promis. Il n’y avait pas de plus puissant moyen de recevoir ce message que de quelqu'un qui est en parfaite santé et pourtant meurt. Une personne dont la vie commençait à peine.»
Jonathan est mort dans la nuit précédant la première avant-première du spectacle. Jim Nicola décide de la remplacer par une simple lecture de l’œuvre. Mais l’émotion est telle entre les artistes et le public composé d’amis, de la famille et de collègues de Jonathan, que spontanément ils jouent l’acte II normalement. Les applaudissements sont inoubliables… Et la suite appartient à l’histoire. Rent sera accueilli avec un énorme succès partout où il sera joué.

Rent remporte plusieurs prix dont le prix Pulitzer 1996 pour Jonathan Larson; quatre Tony Awards, dont meilleur musical et meilleur livret de musical; six Drama Desk Awards 1996, dont trois pour Jonathan Larson; meilleur musical 1996 pour la New York Drama Critics Circle et le Outer Critics Circle; et trois 1996 Obie Awards, dont Jonathan Larson pour meilleur livret, meilleurs paroles et meilleure musique.

Depuis 1996, Rent n’a pas cessé de séduire. En 1998, le spectacle ouvre au Royaume-Uni au Shaftesbury Theatre, suivi trois ans plus tard par un UK-Tour mettant en vedette Adam Rickitt dans une mise en scène de Paul Kerryson. En 2005, une grande partie du cast original se réunit pour une adaptation cinématographique de Rent réalisée par Chris Columbus. En 2007, une version modifiée est disponible pour des cats plus jeunes, intitulée Rent: édition scolaire.
La production de Broadway a finalement fermé le 7 septembre 2008 après une longue série de 12 ans et de 5.123 représentations. Mais le spectacle ne disparaît pas pour longtemps. En 2010, Neil Patrick Harris met en scène une série de trois représentations au Hollywood Bowl et le spectacle ré-ouvre off-Broadway en 2011.

Vingt ans après la mort de Jonathan Larson, Rent continue à être un musical majeur ayant une énorme influence musicale sur ce genre artistique.


Source: Programme RENT - ST James Thatre London - Janvier 2017


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