Musical (1992)


Musique: Sylvester Levay
Paroles: Michael Kunze
Livret: Michael Kunze

Elisabeth, impératrice d’Autriche (1837-1898) apparaît dans ce drame musical comme une femme en lutte pour obtenir sa propre liberté. Parce qu'elle est issue d’un monde dont le déclin est évident, la "modernité" d’Elisabeth la contraint à une isolation désespérée. Et pourtant, elle porte sur elle l’image obsolète du pouvoir des Habsbourg. Son assassinat par l'anarchiste italien Luigi Lucheni était en fait un crime symbolique qui a anticipé la fin d'une époque qui a duré mille ans....

L'histoire de Maximilien est une histoire vraie!

Une histoire d’hommes, de femmes, d’argent, de guerres, de rêves et de sang. Une histoire d’espoir et d’amertume, de gloire et de boue, une histoire de tragédie, d’amour et de folie, bref une histoire de la vie…

C’est l’histoire d’un homme, chef d’état, dirigeant d’une grande puissance militaire, politique et commerciale, qui a un grand dessein : renforcer l’influence de son pays et des valeurs qui l’animent, modeler la carte d’un sous-continent pour y rééquilibrer les forces en présence, y assurer la paix et la prospérité. Mû par ses rêves, appuyé par ses banquiers et conseillé par ses hommes d’affaires, l’homme va dépêcher ses troupes outre-mer pour y renverser un pouvoir dictatorial, corrompu et dangereux pour la stabilité locale et y installer à sa place un gouvernement qui devra servir la civilisation et accessoirement ses propres intérêts. Mais, de rêves de gloire politique en entêtements diplomatiques, de désillusions financières sans appel en échecs militaires inquiétants, la situation va dégénérer. Face à une guérilla de plus en plus radicale, l’expédition va s’enliser. Jusqu’au drame final ?

Napoléon III et le Second Empire (1851 - 1870)


Faisons d'abord quelques rappels préliminaires sur Napoléon III et le Second Empire (1851 – 1870).

Installé au pouvoir à durée indéterminée grâce à un coup d’état réalisé le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte, autoproclamé empereur français un an plus tard, est un visionnaire. Il a eu à cœur de mettre en œuvre diverses idées d’inspiration socialiste, dans la pure tradition populiste et jacobine du bonapartisme et de s’occuper ainsi d’architecture (pour tenter de résoudre le problème des taudis parisiens), de technique et de science pour améliorer l’alimentation des plus démunis (invention de la margarine), de droit et d’économie (sociétés de secours mutuel et caisses de retraites, droit de grève et droit syndical progressivement accordés à partir de 1864).

A une période autoritaire d’une douzaine d’années succède, à partir du début des années 1860, une libéralisation du régime qui ira croissante. Fort de ses succès militaires et diplomatiques (guerre de Crimée contre la Russie en 1855, guerre contre l’Autriche en 1859 et rattachement à la France de Nice et de la Savoie en 1860), Napoléon III est, sur le plan international, partisan d’un découpage de l’Europe fondé sur les nationalités et non sur les archaïques possessions monarchiques: des idées en rupture complète avec les gouvernements européens de l’époque mais qui cadrent parfaitement avec l’esprit de son temps. Le XIXème est bien le siècle du développement de l’idée de l’état-nation.

Pourtant, Napoléon III, romantique et influençable, va s’embarquer dans l’incroyable aventure mexicaine. Comment ?

L'expédition du Mexique, décidée par Napoléon III en 1862, est d’abord liée à des considérations économiques. Le Mexique apparaît à cette époque comme un pays susceptible de connaître un fort essor économique. Napoléon III, conseillé par son demi-frère adultérin le duc de Morny, personnage dilettante et acoquiné avec divers financiers forme alors un dessein hardi : mettre le pays en valeur grâce à des capitaux français et, tandis que les États-Unis sont accaparés par la guerre de Sécession, créer un empire catholique capable de faire contrepoids à la fédération d'États protestants nord-américains.

La jeune République du Mexique est une cible de choix : elle est elle-même un pays instable (240 coups d’état durant les 35 années précédentes !) et bientôt, la décision malheureuse prise par l’actuel président Juárez de suspendre le paiement des intérêts de la dette publique et de frapper d'un impôt les ressortissants étrangers offre le prétexte d'une intervention européenne. L’usage de la force devient donc légitime, sinon légal.

Benito Juárez

La France, la Grande-Bretagne et l'Espagne envoient alors des troupes et, rapidement, par la Convention de Soledad (février 1862), le président Benito Juárez retire ses mesures et reprend le paiement de la dette. La Grande-Bretagne et l'Espagne se retirent tandis que le corps expéditionnaire français demeure en place. Car Napoléon III a un autre but, que ses alliés de circonstance ne partagent pas: puisque le gouvernement mexicain n’entend pas faire de la France son allié privilégié (se laisser coloniser, en fait), il envisage tout bonnement de le renverser pour le remplacer par des gens, disons, plus accommodants.

Mais qui placer à la tête du Mexique ?

Certainement pas un Français, ce serait trop voyant… Napoléon III réfléchit.

A ce stade, il faut savoir qu’en 1857, soit 5 ans auparavant, l’empereur autrichien François-Joseph 1er avait donné à son frère Maximilien la vice-royauté de la Vénétie et de la Lombardie. Napoléon III étant intervenu militairement par la suite en Italie et ayant largement soutenu les «patriotes» qui se battaient pour la réunification de leur pays, la France avait fini par entrer en guerre contre l’Autriche-Hongrie, laquelle occupait militairement certaines parties du territoire italien. La France avait finalement infligé à l’Autriche-Hongrie les sévères défaites de Magenta et de Solferino (1859) dont la topographie parisienne porte aujourd’hui l’empreinte. Depuis lors, on le comprend, les deux empires, français et austro-hongrois, étaient en froid.

Alors Napoléon III, confronté à la montée en puissance de la Prusse et désireux de ne pas se retrouver face à deux empires centraux germaniques coalisés contre lui, forme le projet inattendu… de proposer à Maximilien de monter sur le trône du Mexique. Il se réconcilierait ainsi avec l’Autriche tout en renforçant la présence européenne en Amérique centrale. Ce genre de raisonnement diplomatique tordu peut nous étonner: il n’est cependant pas éloigné des modernes desseins de «recomposition» de telle ou telle zone que forment certains dirigeants bien connus. Dans l’attente de la concrétisation de cette géniale idée, Napoléon III donne l'ordre de marcher sur Mexico.

En route vers le Mexique


Vamos !

Mais la population mexicaine, loin d’accueillir les Français en libérateurs, se soulève et soutient majoritairement le président Juárez même si, auparavant, le pouvoir de celui-ci était contesté : face à l’envahisseur français, le pays se ressoude donc, ce que napoléon avait sous-estimé. Toutefois, même si le caractère montagneux du pays rend périlleuses et difficiles les opérations militaires, après soixante-trois jours de siège, les troupes françaises prennent Puebla en mai 1863.

La route de Mexico est ouverte.

C’est là que ce situe l’épisode fameux de «Camerone» (en mexicain «Camaron») qui contribue au mythe de la Légion Etrangère. Car tandis que l'armée française assiège la ville de Puebla, une compagnie de légionnaires, commandée par le Capitaine Danjou (35 ans) et chargée de protéger ses lignes de ravitaillement, est assaillie par 2000 farouches cavaliers «juaristes».

Après avoir repoussé une première charge et essuyé de lourdes pertes, mais en infériorité numérique et promis à la défaite, les 65 derniers légionnaires se barricadent dans le village abandonné de Camerone. Les Mexicains leur offrent la reddition. Les légionnaires, naturellement, refusent! Mais le capitaine Danjou est tué en inspectant les positions et, bientôt, les Mexicains lancent l’ultime assaut. Les pertes sont terribles mais les assaillants sont encore repoussés. Les 8 derniers légionnaires survivants se retranchent dans un hangar où ils tiennent encore plus d'une heure avant d'être faits prisonniers. Ils acceptent finalement de se rendre dans l’honneur à condition de conserver leurs armes et d'avoir leurs blessés soignés. Ce sera le cas.



En juin 1863, les Français entrent donc à Mexico. Une «Assemblée nationale» fantoche composée de notables collaborateurs avec les Français proclame alors empereur du Mexique Ferdinand-Maximilien, le frère de l'empereur d'Autriche-Hongrie François-Joseph ! Celui-ci, alors en villégiature avec sa femme à Miramar, en Italie, va-t-il céder aux instances de Guttierez Estrada, un mexicain envoyé par Napoléon III pour le convaincre ?

Maximilien s’auto-persuade qu’il s’agit là du vœu de la nation toute entière dont on lui remet le résultat écrasant des votes (en réalité seuls les notables ont voté et le nombre total de la population, composée en majorité d’Indiens illettrés a simplement été indiqué en marge des résultats). Et puis la France le soutient : elle lui promet des crédits et une armée de 25 000 hommes qui l’aideront à consolider son pouvoir ainsi que 8000 légionnaires, l’élite de l’Armée, qui resteront, Napoléon III s’y engage, pendant les 6 prochaines années… La femme de Maximilien, Charlotte, enfin, l’y presse.

Maximilien accepte et part avec elle pour le Mexique.

Après un voyage interminable dans un pays où ils s’attendaient, sans succès à être reçus par une foule en liesse, le couple impérial s’installe au Palais.

Maximilien et Charlotte

Tant bien que mal, Maximilien se met au travail tandis que l’insurrection se poursuit dans le pays. Il peine à former une armée mexicaine (25 000 hommes) tandis que le général François Achille Bazaine prend le commandement de l'armée française (35 000 hommes). L’homme est un soldat de médiocre qualité : il s’illustrera du reste durant la guerre de 1870 contre la Prusse, 7 ans plus tard en… capitulant dans Metz avec une armée intacte et sans livrer de combat (il sera traduit en Conseil de Guerre et emprisonné). Pour l’heure, il demande à Maximilien le droit de faire fusiller tous les rebelles pris les armes à la main : une décision radicale qui relance la guérilla de plus belle.

Politiquement, Maximilien a également du mal à trouver des appuis. Sur les conseils de sa femme, il tente une «ouverture» politique : il délaisse les «conservateurs» qui l’ont porté au pouvoir au profit d’avances vis-à-vis des «libéraux». Les uns se détournent de lui tandis que les autres continuent à s’en défier.

Les choses traînent en longueur pendant près de deux ans au terme desquelles la situation économique devient de plus en plus difficile: les caisses de l’Etat sont vides et les réserves en devises ne permettent plus le service de la dette. Lever de nouveaux impôts ne ferait qu’aggraver une situation déjà catastrophique. A partir de 1865, la pression s’accentue au plan international: débarrassés de leur guerre civile, les Américains menacent d'intervenir militairement au Mexique et exigent le retrait des Français. En France même, les Chambres refusent de voter de nouveau crédits pour cette folle aventure exotique, qui commence à mal tourner et à laquelle dont on ne voit pas d’issue. Napoléon III, enfin, subit l’influence de ses banquiers qui, maintenant que l’aventure tourne mal, ne veulent plus lui accorder de nouveaux crédits (un banquier est parfois stupide mais rarement fou, croyez-moi !). Sa situation devient intenable (moins cependant que celle de Maximilien !)

C’est le début de la fin.


Fin 1865, Napoléon III change de stratégie et, dans un premier temps, regroupe ses troupes autour de Mexico. En avril 1866, il décide soudainement de les rapatrier, ne laissant sur place que quelques rares volontaires au service de l'armée mexicaine. Maximilien est désormais seul avec peu de moyens économiques, pas de légitimité véritable et quasiment plus aucun soutien militaire. Maximilien ne comprend pas la volte-face de Napoléon III. Lui faut-il alors abdiquer ?

Dramatiquement, dans une atmosphère de fin de règne (et c’en est une), Charlotte, jeune femme passionnée, décide bravement de partir à Paris pour aller s’expliquer avec Napoléon III et lui demander de tenir ses engagements vis-à-vis de son mari. L’épisode est digne des meilleures romans à l’eau de rose et des gazettes mondaines: cette jeune princesse belge exaltée, ultime héroïne d’un drame qui touche à sa fin et est joué d’avance, totalement déconnectée des réalités diplomatiques part en croisade pour défendre bravement son époux honteusement trahi par les basses intrigues de politiciens veules et de financiers véreux. «J'irai chercher en Europe un corps d'armée! S'écrie-t-elle devant Maximilien. Je forcerai les appartements des empereurs et des papes. Je frapperai de porte en porte comme une mendiante et je serai la Justice foudroyante!» C’est beau. Maximilien accepte.

A Paris, l’impératrice du Mexique est accueillie sans empressement: le comité d’accueil se trompe de gare (Austerlitz - alors d'Orléans – et non Montparnasse) et aucun appartement n’a été réservé aux Tuileries. Charlotte et sa cour doivent donc loger à l’hôtel.

Charlotte en 1864

Charlotte entend être reçue par Napoléon III pour le rappeler à ses promesses. «Je représente, dit-elle, une cause qui est la vôtre aussi bien que la nôtre… ».

Mais l'Empereur se contente de répondre par des chiffres. Ses banquiers et ses comptables exigent que la France rentre d’abord dans ses frais : 300 millions de francs engagés dans l‘ «aventure».

C’est un dialogue de sourd. Il est clair que Napoléon III entend abandonner la partie pendant qu’il en est encore temps.

Mais la pauvre Charlotte se cramponne à ses illusions : l’empereur ne peut se contenter de cette volte-face. Econduite une première fois, elle revient le surlendemain au château de Saint-Cloud avec à la main les lettres que Napoléon III avait signées autrefois pour engager Maximilien à accepter le trône ainsi que le traité par lequel Napoléon III garantissait que la Légion étrangère resterait au Mexique six années après le rappel de toutes les autres troupes.

Napoléon III est ennuyé, bien sûr, mais il dit tout net à Charlotte : «Je suis dans une situation très difficile. L'Amérique me menace et mes sujets me refuseront leur appui si je ne reste pas en paix avec Washington. Une dernière fois, Madame, permettez-moi de vous dire que vous ne pouvez plus espérer.» Quatre jours plus tard, il vient en personne au Grand Hôtel pour lui apporter le refus définitif de la France. «Abdiquez, lui dit-il».

Défaite, atterrée, Charlotte commence à être frappée d’une crise nerveuse qui n’est que le début de la folie dans laquelle elle va sombrer progressivement. Elle décide d’aller parler au pape! Le souverain pontife reçoit alors, quelques jours plus tard, cette jeune femme à l’esprit égaré, manifestement atteinte d’un délire de persécution tant elle est convaincue qu’on en veut à sa vie. Elle est finalement emmenée à Miramar où son frère viendra la chercher pour la ramener à Bruxelles où elle est soignée par le fameux aliéniste Riedel.

Abandonné de tous, seul au Mexique, Maximilien hésite longuement : S’entêter ? Fuir ? Mais pour faire quoi ? Il a en effet renoncé à ses droits sur la couronne d'Autriche et n'a plus rien à espérer en Europe. Bravement, il choisit de combattre pour tenter de renverser la situation et, à la tête de sa petite armée, durant soixante-douze jours, il tient héroïquement tête, à Queretaro, aux troupes de Juarez.

A 36 ans, finalement pris par les «juaristes», Ferdinand-Maximilien est condamné à mort. Il écrit une dernière lettre, tragique et bouleversante, à sa femme. Il est fusillé dignement le 19 juin 1867 à Queretaro, avec deux de ses généraux tandis que Charlotte sombre définitivement dans la folie. Elle mourra bien plus tard, le 16 janvier 1927, à 96 ans.



Exécution de l'Empereur Maximilien - Edouard Manet

Quelques commentaires sur ce tableau …


L'Exécution de Maximilien est un tableau réalisé par le peintre Édouard Manet en 1867. La toile représente l'exécution de Maximilien de Habsbourg-Lorraine par un peloton d'exécution républicain.

Pendant trois ans, Maximilien avait été empereur du Mexique sous la protection des troupes de Napoléon III. Lorsque l'empereur des Français reniant sa parole, ordonne le retrait de ses troupes et abandonne Maximilien à son sort, celui-ci tombe entre les mains des opposants républicains, et est condamné à mort (dans un théâtre transformé en cours de justice) et exécuté. Il s'agit d'une représentation imaginaire, Maximilien n'était pas au centre, il était tête nue, etc..

La nouvelle parvient à Manet au cours de l'Exposition universelle de la même année. Le peintre, depuis toujours fervent républicain, est scandalisé par la manière dont finit ce jeune prince. Il travaille plus d’une année à une petite étude à l'huile, une lithographie (interdite par la censure) et trois grands tableaux. De son vivant, Manet ne peut exposer ni vendre aucune de ces œuvres en France, même après la chute du Second Empire. L'Exécution est exposée dans un pavillon personnel au pont de l'Alma.

Après sa mort en 1883, la plus grande toile est découpée et ses fragments se trouvent aujourd'hui à Londres, l'étude à l'huile est envoyée à Copenhague et la première version du tableau à Boston.

La dernière version, achevée en 1868, porte la date d'exécution de Maximilien. Elle est achetée en 1909 pour le Musée de Mannheim — Empire allemand — dans un contexte politique très hostile à la France.

Les condamnés et la figure christique


Maximilien, dans un tableau de Winterhalter (détail)

Maximilien est exécuté en compagnie de deux fidèles: le général Tomás Mejía (représenté avec une peau brune) et l'ancien président et général d'infanterie Miguel Miramón.

Quand il est abandonné par Napoléon III qui rappelle ses troupes en 1867, Maximilien refuse de partir avec le corps expéditionnaire français : «un Habsbourg [disait-il] ne désertera point le poste que la Providence lui a confié ».

Il est pris par l'armée républicaine dans la ville de Querétaro après un siège de 72 jours. Dans le cloître où il est retenu, son adjudant trouve la couronne d'épine d'une statue du Christ. Maximilien lui déclare : « Laissez-la moi, elle me va bien ». A l'image du Christ, il déclare se sentir « trahi, trompé et volé… et enfin j'ai été trahi pour onze réaux… ». Dans le tableau de Manet, le sombrero trace autour de son visage une large auréole claire.

Manet avait un jour affirmé : « Il est une chose que j'ai toujours eu l'ambition de peindre. Je voudrais peindre un Christ en croix… Quel symbole ! L'image de la douleur ». On trouve dans ce tableau une autre évocation de ce thème chrétien : la main gauche de Maximilien et celle de Miramon présentent des taches de sang alors que la salve part à peine. Ce détail non réaliste doit rappeler les stigmates du Christ.

Le vrai coupable


Alors que dans sa première version conservée à Boston, les soldats du peloton d'exécution portent les habits et le sombrero des républicains, dans sa version finale, Manet les vêtit d’uniformes de l’armée impériale française.

Dans sa première version, Manet se fait l'écho de l'opinion publique qui s'indigne du refus des républicains de gracier l'empereur.

Mais durant le mois de juillet 1867, la presse retourne ses accusations vers Napoléon III, à qui elle reproche d'avoir abandonné Maximilien. Dans les deux versions suivantes, Manet change les uniformes des soldats, et donne au sergent en képi rouge les traits de Napoléon III.

Il veut ainsi signifier au public que c'est véritablement la France qui assassine Maximilien. Le peuple mexicain est représenté au fond du tableau, en simple spectateur.

L'inspiration


Tres de Mayo de Francisco Goya, 1814

Le résultat est très largement inspiré du Tres de Mayo de Francisco Goya. Comme lui, il dénonce une scène de guerre. Comme lui, il met en scène des soldats en uniforme français. Les spectateurs aux figures torturées en arrière plan qui représentent le peuple mexicain, de même que le général Mejía sont traités dans un style très proche de celui de Goya. La composition semble calquée sur le Tres de Mayo, mais l'ensemble est cependant traité d’une manière radicalement différente. L'Exécution de Maximilien semble en effet dénuée de toute émotion violente: les soldats abattent tranquillement Maximilien tandis que l’un d’eux est occupé à recharger son fusil et que les badauds se pressent au-dessus du mur.

Manet a volontairement renoncé aux éléments dramatiques relatés par la presse de l'époque: les cercueils qui attendent, le prêtre, les fidèles en larmes et les bandeaux sur les yeux des généraux. Manet souhaite s'inscrire dans la tradition académique de la peinture historique - très appréciée à l'époque - sans doute dans la perspective de participer au salon officiel.


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