Musical (1966)


Musique: John Kander
Paroles: Fred Ebb
Livret: Joe Matseroff

Set in 1931 Berlin as the Nazis are rising to power, it focuses on nightlife at the seedy Kit Kat Klub and revolves around the 19-year-old English cabaret performer Sally Bowles and her relationship with the young American writer Cliff Bradshaw.
A sub-plot involves the doomed romance between German boarding house owner Fräulein Schneider and her elderly suitor Herr Schultz, a Jewish fruit vendor. Overseeing the action is the Master of Ceremonies at the Kit Kat Klub which serves as a constant metaphor for the tenuous and threatening state of late Weimar Germany throughout the show.

Gérard Blanc en tant que membre du groupe Martin Circus a participé à la Révolution Française. Au cours de cet interview il nous parle de la naissance de l'Opéra Rock, son enregistrement studio et ses représentations scéniques au Palais des Sports et au théâtre Mogador.

L'album studio


Gérard Blanc, comment avez-vous été contacté pour participer à l'enregistrement de l'album?
C'est très simple. J'étais avec mon groupe Martin Circus artiste Vogue. Claude Michel Schönberg le compositeur et Alain Boublil, l'auteur, qui était à l'époque le directeur des éditions Vogue Internationales, avaient écrit des chansons sur un thème historique qui les passionnait: la Révolution Française. Claude Michel avait écrit les mélodies et Alain, qui était plutôt "l'historien", écrivait les paroles des chansons. Leur projet était d'enregistrer un double album, sans oser imaginer qu'il se concrétiserait un jour sur scène.
L'idée c'était: "Pourquoi on ne demanderait pas à tous les artistes qui sont dans la maison de disques si ça leur plairait d'enregistrer chacun des chansons de l'opéra rock en leur confiant des rôles. Et comme ça, au fil du temps, sur une année, les enregistrements se mettraient en boîte… "
À nous, Martin Circus, ils nous ont demandé d'être les Députés du Tiers-État, ceux qui se battent pour les libertés, pour la Révolution contre l'Establishement de Louis XVI. Ils nous ont laissés arranger les titres que nous allions chanter. Quant aux autres artistes, leurs titres seraient arrangés et orchestrés par Jean-Claude Petit.
L'idée nous a branché à fond! On se retrouvait donc en studio avec Claude Michel. Il se mettait alors derrière le piano et lançait: Français, Français... "Tu vois, Gérard, là il faudra le balancer avec beaucoup de hargne". Il continuait : Notre destin nous le ferons de nos mains... " Et là, vous reprendrez tous "Français, Français..."
C'était OK, pour nous. Il nous laissait trouver notre truc. À ce moment-là, Daniel Balavoine passait par hasard dans le studio avec son frangin, ils prenaient deux casques et on faisait les chœurs tous ensemble. Une vraie belle énergie. On avait envie que ce soit très rock.
Ça se faisait dans la sympathie, dans l'amitié et même plus, dans la confiance.
On a enregistré nos 3 chansons, dans la spontanéité, et finalement elles se sont révélées être trois moments importants de l'album.
Les autres artistes enregistraient leurs titres de leur côté. Ca se faisait en pièces détachées et dans le plus grand secret. Finalement, je pense qu'à ce moment-là, ça n'intéressait personne d’autre que ceux qui enregistraient ce projet.

Personne n'écoutait ce que les autres faisaient ?
Non, Il n’y avait que Claude Michel et Alain qui avaient une vision globale. Nous, tout ce qu'on savait, c'est qu'on était fier de ce qu'on avait fait et que ça nous plaisait. Et le lendemain, on repartait vers nos propres compos. Quand le disque est sorti, on a entendu la globalité du truc et on a trouvé ça formidable parce qu'il y avait des tas de styles et de voix différentes. Il y avait Les Charlots, Jean Schulteis, Antoine, Bashung, beaucoup d'artistes de chez Vogue.

Au moment de l'enregistrement de l'album, vous ne saviez pas que ça allait devenir un spectacle musical ?
Personne ne le savait, peut-être même que Claude Michel et Alain Boublil ne le savaient pas eux-mêmes… Ils en avaient peut-être le secret espoir, mais c'était déjà beau d'avoir mis sur le double album toutes ces chansons qui racontaient l'histoire de la Révolution Française sous la forme d'un opéra rock, ce qui ne s'était jamais fait en France.

Avez-vous accepté d'y participer tout de suite?
Oui, parce qu'il y avait une bonne énergie dans cette musique et que pour nous, c'était comme si un membre du groupe avait apporté des chansons et qu'on avait plus qu'à plonger dedans. En fait, on s'est approprié les titres que Claude Michel nous amenait.

C'était votre 1ère expérience de comédie musicale?
Oui. Pour la première fois, je faisais autre chose que de jouer de la guitare ou du piano et de chanter dans un projet qui ne venait ni de moi, ni de mes amis du groupe.

Selon vous, pourquoi l'album a eu un tel succès?
D'abord, ça a été une grande surprise, car personne ne s'y attendait. En fait, je pense que ce double album était riche, ambitieux et qu'il racontait un vrai truc. À l'intérieur d'une grande histoire, qui est celle de la France, il y avait une histoire d'amour impossible entre un Député du Tiers-État et une femme de la Noblesse. De plus, il y avait beaucoup d'artistes talentueux impliqués.

Il faut dire que les gens, à l'époque, avaient une curiosité incroyable. Ils avaient la patience d'écouter un disque pendant 1 h 30, de découvrir des choses qu'ils ne connaissaient pas et, en plus, de trouver ça formidable. Quelle belle démarche!!! Quand on pense que le projet existait sans sponsor, que tout le monde s'était investi à tous les niveaux, musiciens, chanteurs, arrangeur, directeur artistique, juste parce c'était bien.


Le passage à la scène


Comment est née l'idée du spectacle?
L'album a très vite été un disque d'or. Alors Claude Michel et Alain se sont dit : "Il faut faire exister la Révolution Française sur scène !". Or, il n’y avait que les chansons et les musiques d'écrites. Il n'y avait pas de textes, ni d'articulations, juste une succession de chansons qu'il allait falloir transformer en tableaux. Dans l'urgence, ils se sont mis à écrire des enchaînements et à nous demander si nous aimerions bien être le "fil rouge" du spectacle; c’est-à-dire Danton et les députés du Tiers-État: ceux qui vont aller du début de la révolte jusqu'à la Déclaration des Droits de l'Homme et à la Terreur.

Europe 1 est entrée dans l'histoire. Le Palais des Sports a accordé 45 jours de représentations à la rentrée de la saison 1974. Les castings pour les comédiens, les danseurs, les chanteurs, ont commencé. On s'est retrouvé 100 artistes sur le plateau, il y avait 60 micros, un truc énorme !! Les répétitions ont duré tout l'été. Ca n'avait jamais existé auparavant. Il faut se rappeler que nous étions 4 ans avant Starmania.

Comment se sont passées les représentations publiques au Palais des Sports et au Théâtre Mogador? Comment a réagi le public?
Le Groupe était sur un praticable à roulettes, poussé par des "hommes du peuple" et ce groupe de rock sur ce podium qui avançait avec énergie vers le public renvoyait une intention révolutionnaire violente en opposition avec la musique du grand orchestre de Jean-Claude Petit, dans la fosse d'orchestre, qui lui exprimait la grandeur, la beauté et la noblesse du Royaume qui allait s'effondrer. Bien évidemment, ni "bande", ni "play-back", ni "CD" , tout dans l'aventure du Live avec les moyens techniques de " l'époque ". Ce spectacle formidable a duré 45 jours. La salle était bourrée. On s'est malheureusement arrêté parce qu'il y avait un autre spectacle de programmé: Le Cirque de Moscou…
Il faut imaginer Bashung en député, Balavoine et son frangin en nobles, Cristiani en curé, Dany la Chanteuse en Madame Sans-Gêne, dansant le french cancan et Claude Michel en Louis XVI.
Un ans après, on a repris à Mogador pour 3 mois. Mogador c'était bien, mais différent. Tout était plus petit. Nous n'étions plus cent mais quarante artistes sur scène. Il n’y avait plus 60 musiciens, mais 30 dans la fosse. Pour nous, rien ne changeait, mais l'esprit de l'année précédente en avait pris un coup. La Révolution Française dans le décor d'un beau théâtre classique comme Mogador, ça n'avait pas la même pêche que dans le dôme moderne métallique du Palais des Sports.
C'est vrai que faire la Révolution dans les ors et les velours rouges, c'est pas pareil que de le faire dans des tuyauteries en métal. Ça avait un côté, spectacle plus convenu mais, en même temps, ça restait bien. En tout cas, si je devais garder un seul souvenir, je garderais le " Palais " parce que c'était vraiment " la Révolution " à tous les niveaux.

Que vous a apporté cette expérience de comédie musicale?
C'était la 1ère fois pour moi que nous n’étions pas tout seul et que nous avions l'opportunité de donner la réplique à d'autres comédiens, à d'autres chanteurs.
Un spectacle musical n'est pas comme un concert : lors d'un concert, tu t'adresses au public, tu chantes dans les yeux des gens et tu leur fais passer ton émotion à travers ta musique, alors que quand tu racontes une histoire, tu joues avec d'autres artistes et le public regarde un spectacle se dérouler sous ses yeux. On ne venait pas voir Martin Circus, on venait voir un opéra-rock où il y avait Martin Circus. Grosse différence !!

Après cette expérience, avez-vous eu envie de participer à un autre spectacle musical?
Non, ça ne s'est jamais présenté parce que le groupe a continué sa carrière et puis, au milieu des années 80, j'ai moi-même commencé à enregistrer des albums en solo. Mais, je garde au fond de moi, l'idée d'écrire un jour les chansons d'une histoire forte écrite par un scénariste; pas forcément pour être sur scène, mais juste pour le bonheur d'écrire.












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