Un hymne à la vie
"Oui, à 60 ans on peut encore être belle et désirante"

La vie, ce sont des cycles. Tu nais l’enfant de tes parents. Tu deviens la mère de tes enfants. Après, la mère de tes parents. Puis, l’enfant de tes enfants. Et tu meurs.


Nous passons de la loge d’Hélène qui revient sur son passé à l’appartement de Marie qui observe le vieillissement de son corps et revit des émotions : joie, désillusion, doute, panique, espoir. Autre rapprochement entre réalité et fiction : le cadreur Gaspard Audouin filmant Hélène suggère la relation qui s’établit entre Alexis et Marie. En éclairant les liens qui unissent l’héroïne à sa mère et à sa fille, Geneviève Damas illustre subtilement les cycles de la vie. Contrairement aux préjugés et aux stéréotypes, l’évolution physique et morale de la femme ne devrait pas la condamner au déclin et au renoncement. Hélène Theunissen maîtrise remarquablement ce texte incisif, sans fioritures, où se mêlent émotions retenues et humour mordant. Marie n’est pas une revendicatrice, mais une femme sincère, qui nous touche par ses doutes et sa difficulté à saisir sa chance.

Demandez le prohgramme - Jean Campion - 19/12/2022

A la mise en scène, Lara Ceulemans pose un acte brillant en convoquant la vidéo live sur scène. Captée, à certains moments, par la caméra de Gaspard Audouin, Hélène Theunisssen soumet ainsi son jeu, son corps, au regard d’un jeune homme qui suit ses déambulations, zoome sur ses gestes, son allure, un bout de peau. La caméra devient ainsi miroir. A la fois, le miroir littéral, celui dans lequel Marie rechigne tant à se voir vieillir. Mais aussi le miroir métaphorique et affligeant que tend la société aux femmes de plus de 60 ans. Des femmes qui, passé un certain âge, ne sont plus regardées comme des femmes mais comme des mères ou des grands-mères, quand elles ne deviennent pas carrément invisibles. La vieillesse serait un naufrage, dit-on. Dans Perfect Day, la vieillesse devient plutôt paysage, un paysage qui, au soleil couchant, révèle d’autres couleurs, d’autres reliefs, d’autres possibles.

Le Soir - Catherine Makereel - 15/12/2022

On ressort de " Perfect Day ", la nouvelle création du Vilar, avec l’énergie de croquer la vie à pleine dent. Quel que soit son âge.
Un texte incisif et sensible de Geneviève Damas magnifiquement porté par Hélène Theunissen.

L'Avenir - Quentin Colette - 16/11/2022

Avec Perfect Day, Geneviève Damas offre un texte émouvant, clairvoyant, parsemé de délicates touches d’humour. Elle voulait parler des femmes de soixante ans et plus qui sont le plus souvent cantonnées à leur rôle de mère et exclues du champ du désir. Le regard que pose la narratrice sur son corps et sur les effets liés à l’âge peut être dur, mais est réaliste et bienveillant malgré tout. Les passages consacrés à la dégénérescence de la mère, ainsi que, et surtout, à l’amour d’une fille, sont poignants, d’une tendresse infinie. Le cerveau de la vieille femme « se troue et se transforme en serpillière ». Elle ressemble de plus en plus à une enfant, mais son sourire reste imperturbable quand ses yeux se posent sur sa fille.

Le cycle de la vie est répété à plusieurs reprises dans le texte, tel une ritournelle :
La vie, ce sont des cycles
tu nais l’enfant de tes parents
tu deviens la mère de tes enfants
après la mère de tes parents
puis l’enfant de tes enfants
et tu meurs.

Le Carnet et les Instants - Émilie Gäbele - novembre 2022

- Les deux femmes se connaissaient depuis vingt ans, la confiance était mutuelle, alors Damas a accepté de relever le challenge: «Écrire ce monologue, c’était un défi, mais je me disais qu’elle avait pleinement sa place parmi mes personnages. On s’est vues régulièrement, on s’est beaucoup appelées. Hélène désirait très fort d’aller jusqu’au bout du projet. J’ai pu travailler ma langue comme je le voulais, lui poser des questions personnelles. Je lui ai demandé de me parler de ses parents, elle m’a raconté un souvenir d’enfance, puis un tout petit détail à propos du désir d’un homme plus jeune qu’elle, qui l’avait terrifiée. Elle s’est enfuie par peur de ne pas se relever de l’échec de cet amour. J’ai eu envie de creuser cette chose-là, parce qu’un homme ne réagirait pas de la même façon.»

L'Echo - Aliénor Debrocq - 7/12/2022