S'ils avaient le choix, les spermatozoïdes courraient-ils en frétillant vers l'ovule ?

Un spectacle drôle et émouvant, tout en douceur et en finesse.


Des angoisses, on en a tous peu ou prou. Pour se débarrasser de celle de rater son môme, Patrice Mincke s'est mis dans la peau d'un spermatozoïde. Ce dernier hésite. Qu'adviendra-t-il de son union avec une ovule ? Pour en savoir plus sur ce futur : une machine à avancer dans le temps. Voilà quelques moments de la vie de Colin, pour le convaincre ou pas de le faire ce petit être.

Quatre ans, huit ans, quinze ans, vingt-huit ans, quelques âges de la vie pour dessiner un environnement. Un papy-baby sitter qui s'installe à la maison, le fidèle copain Cédric à l'accent du terroir pour le réconfort et d'autres perspectives, une mère absente, rappelée au bureau le jour de la communion, un père qui, se laissant envahir par son boulot, oublie de prendre du temps pour son fiston...Quel adulte deviendra Colin, petit garçon myope et romantique, épris de Céline ?

Patrice Mincke passe avec aisance d'un personnage à l'autre. Tous aussi efficacement joué que brossé dans la mise en scène de Martine Willequet.

Une attitude, un geste pour en dire plus que les mots et voir le père coincé avec son fils, le genre « cavalier » d'un policier… Le comédien est un tendre. S'il nous fait rire en croquant ces multiples individus , il cherche avant tout à nous en montrer l'humanité, leur générosité, leurs failles, leurs maladresses. Il ne se cantonne pas à l'entourage.

Une pub qui reprend la voix du dernier interlocuteur au vidéophone, une pizza à la vraie viande, des entretiens d'embauche avec test d'ADN, des « virtual girls » pour toute compagnie… l'acteur propose une vision de la marche de la société à travers ces quelques inquiétantes intrusions. Sans chercher à donner de leçon. Patrice Mincke se met en garde comme il nous pousse à réfléchir. Il nous encourage à prendre le temps de vivre avec les gens qu'on aime, à regarder grandir nos gosses, à être attentif à ce qu'on transmet dans l'éducation.

Il nous rappelle de ne pas oublier l'enfant qu'on a été, les promesses qu'on s'est faites. En prenant bien soin de rigoler, sans longueur, il varie les atmosphères soit par petites touches ou au contraire, allant vers la caricature. Il partage son plaisir et ses gamineries comme celles de proposer «Star wars» en version wallonne, de mettre une musique de gilles pour une farandole. Une façon de nous entraîner à faire un petit tour dans cette histoire.

Le Soir - 26/3/2002 - Janine Dath

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