EVENEMENT! Création mondiale en français
Don't cry for me Argentina!

Après le triomphe que vous avez réservé en 2015 à "La Mélodie du Bonheur", le Festival Bruxellons! créra à nouveau l'événement en proposant cet été à Bruxelles la Création MONDIALE en Français de "Evita", la célèbre comédie musicale retraçant la vie légendaire de Eva Peron. Toutes les histoires fantastiques racontées au sujet d’Eva Perón ne sont pas toutes vraies; mais toutes pourraient être vraies – elle était une femme extra-ordinaire. Quiconque écrit à son sujet n'a nul besoin d'exagérer pour donner un peu de couleur à son travail; le plus simple récit de sa courte vie contiendra suffisamment de matière pour faire froncer le plus sophistiqué des sourcils.


Ce jeudi 14 juillet s’est jouée la première de la création mondiale en français de EVITA au Château du Karreveld à Molenbeek-Saint-Jean. Jamais auparavant, The Really Useful Group d’Andrew Lloyd Webber n’avait autorisé que le musical soit adapté en français. Grâce à leur passion et leur engagement pour les comédies musicales - et la très réussie version de La Mélodie du Bonheur présentée en 2015 -, les organisateurs du Festival Bruxellons! se sont vu accorder cette permission. Et on retrouve en tête de distribution rien de moins que Deborah de Ridder (Evita) et Steven Colombeen (Che).

Evita retrace la vie de l’épouse du politicien argentin Juan Perón. Fille illégitime d’un riche argentin, elle perd tout quand son père décède. Elle séduit Agustin Magaldi, un chanteur de charme en tournée, pour qu’il l’emmène à Buenos Aires, où elle espère se construire une vie meilleure. C’est là qu’elle rencontre le futur président Juan Perón.

Le lieu où se déroule la représentation est idyllique. La cour privée du château donne une impression intime à la large scène de 25 m et au gradin de 600 places. On remarque immédiatement la Casa Rosada (la résidence officielle du président argentin). De l’autre côté, on retrouve une placette typique espagnole. Une grande partie des artistes est déjà sur scène lorsque le public s’installe. Ils sont assis dans un cinéma où le film est interrompu lors de l’annonce de la mort d’Eva Perón. Le peuple commence à pleurer de manière frénétique, le Che seul échappant à cette hystérie collective. Après cette scène d’ouverture, la représentation prend la route de la vie d’Evita comme un train et le public se trouve en première classe!

Bruxelles peut être fière de cette première mondiale phénoménale. Ce qui a été créé ici en plein air frise l’inimaginable. Le chant, la danse et le jeu théâtral sont du plus haut niveau. Les très belles chorégraphies sont d’un niveau exceptionnel et pourtant tous les acteurs s’y collent. Andrew Lloyd Webber n’est pas connu pour ses partitions simples et à ce niveau aussi l’équipe fait preuve de pureté. La mise en scène est très réussie : il se déroule tellement de choses en scène qu’on n’en croit pas ses yeux.

La réalisation technique est un réel exploit : la qualité du son est encore meilleure que dans de nombreuses belles salles de théâtre multi-équipées. Le mélange des voix et de la magnifique musique de l’orchestre de onze pièces est sublime. Les 140 costumes sont tout à fait appropriés et dans l’esprit de l’époque. Les éclairages sont relativement simple et parfaitement adaptés aux ambiances, surtout quand la nuit tombe. Le seul petit bémol est ici l’utilisation de bleus intenses dans certaines scènes. Dans ces moments, les acteurs semblent se changer en images fluorescentes.

Les acteurs principaux sont la cerise sur le gâteau. Deborah de Ridder est une très impressionnante Evita. Elle nous offre, en plus de sa magnifique voix, une Eva Duarte très crédible. Elle est jeune et ludique avec Magaldi et incarne une femme d’État d’origine modeste quand elle est devenue l’épouse du Président Perón. Steven Colombeen est un Che magistral qui avec ses mille et une expressions du visage en dit encore plus qu’avec ses qualités vocales très étendues. Philippe d'Avilla est un Juan Perón très avenant. Sans aucune fioriture, il campe un colonel de fer avec un cœur énorme pour Evita. Antonio Interlandi est un Magaldi tout droit sorti d’un bar à tango enfumé. Un chanteur de charme pur sang. Maud Hanssens est enfin une maîtresse très fragile. L’ensemble de l’auditoire communie avec elle, avant que le Che ne l’emporte.

Espérons qu’une équipe de The Really Useful Group vienne voir cette production. Ce spectacle est tellement cohérent qu’ils accorderont immédiatement à cette équipe les droits pour d’autres comédies musicales suivantes. Il s’agit d’un must pour une torride soirée d’été. Pour les néerlandophones, quelques représentations seront sur-titrée en Néerlandais (28 et 29 juillet – 21 (en soirée), 22, 25 et 26 août). Ils pourront alors également profiter de cette version, si la langue française ne leur est pas suffisamment accessible.

Patrick Defort / Wesley Van der Veken - MusicalVibes - 15 juillet 2016

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