Le témoignage poignant, écrit sur un smartphone, d’un jeune Guinéen
qui a traversé l’enfer pour rejoindre l’Europe.

«Ce texte veut rendre compte de mon expérience effroyable, bien éloignée de ce qu’on peut voir et entendre dans les médias occidentaux»
Fran Kourouma


«Notre soleil»: si c’est un homme (et plus seulement un migrant)

Sans fard, Fran Kourouma détaille son expérience, non sans quelques pointes d’humour quand l’auteur et comédien use de blockbusters américains, de Rambo à Fast and Furious, pour mettre à distance certaines scènes spectaculaires. Terriblement humain, Fran Kourouma nous rappelle que derrière chaque migrant se cache un homme (ou une femme) aux aspirations légitimes.

Le Soir - Catherine Makereel - 12 avril 2022

Le théâtre a ceci d’extraordinaire que, art vivant par excellence, aucune émotion ne peut y être trahie. Lundi soir, aux Riches-Claires, le public a pu saisir toute la sincérité du récit qui lui était conté. Ce récit, c’est celui de Fran Kourouma, jeune Guinéen de 24 ans, qui a quitté sa terre natale en 2016 pour rejoindre l’ »Eldorado » européen.

Quelques minutes avant de monter sur scène, le comédien en herbe, d’apparence calme, sentait son cœur battre très fort : cinq ans plus tôt, aurait-il pu imaginer, alors qu’il était détenu au centre Fedasil du Petit Château, qu’il raconterait un jour son abominable périple devant un parterre de spectateurs, devenant la voix de toutes celles et ceux qui, au péril de leur vie, tentent, en traversant la Méditerranée, de trouver « le bonheur et la paix du cœur » ?

La libre Belgique - Stéphanie Bocart - 30 mars 2022

Ce spectacle, travail remarquable de transmission, lumineux, dynamique, transfiguré d’espoir et de conscientisation du récit, ouvre, étapes après étapes, l’esprit du spectateur grâce au conte des séquences de vie humaine incarnées par le comédien.

Si Fran Kourouma a le souhait de rendre notre humanité, c’est à travers une présence passionnante qu’il nous attrape de l’obscurité de nos oeillères et de notre salle, baigné-ex du trouble de nos tripes jusque dans ses silences.

« Si rien ne pourra me ressusciter » nous dit l’auteur, c’est avec la plus grande des aisances qu’il nous offre la présence de ses compagnons défunts.

Culturius - Salomé Martin - 31 mars 2023

Tour à tour, Fran Kourouma se glisse dans la peau de ses compagnons de voyage ou de ses tortionnaires. Seule une voix off, jouée par Babatida Sadjo qui incarne la voix de sa mère, l’accompagne durant la représentation. Au début du spectacle on l’entend inquiète, supplier son fils de rester. "Aujourd’hui ma mère est très fière de moi. Quand le livre a été publié, je lui ai envoyé un exemplaire, elle l’a montré à tout le monde au village. Maintenant je monte sur scène, c’est encore plus incroyable !" confie Fran aux spectateurs lors du bord scène en fin de représentation.

Dans la salle, l’émotion est palpable. Chaque soir, Fran Kourouma et Sandra Raco prennent le temps de répondre aux questions des spectateurs pour aider à digérer et désamorcer la quantité d’informations qui nous a été donnée. "Quand on m’a demandé si je voulais monter sur scène pour raconter mon histoire j’ai d’abord cru à une blague, je me suis dit 'mais ils sont fous !'. Sandra elle, y a tout de suite cru." Sandra Raco est un pilier important de la vie de Fran. C’est elle qui l’a aidé à écrire le livre et à mettre son histoire en scène. Ils partagent une belle complicité, l’échange avec le public est riche et sans langue de bois.

RTBF - Marion Jaumotte - 30 mars 2022

Fran choisit le seul-en-scène pour livrer les étapes chronologiques de son voyage. La raison de son départ ? La liberté. Parce que quand on est un homme d’Afrique noire issu d’une famille pauvre, deux voies s’offrent à nous : « soit celle de la souffrance à la recherche du bonheur de sa personne et de toute sa famille, soit être un parasite de la société pour toujours. » Refusant d’être esclave de la pauvreté, il se jette à corps perdu dans la première option, sans se douter que l’esclavagisme prend de multiples formes.

Le Surricate Magazine - Diane Delangre - 30 mars 2022