Que sont nos racines devenues?
Cultivons-nous encore la terre d'où nous venons?

Nous sommes des êtres en provenance, en souvenance, en mouvance...
Philippe Vauchel nous emmène au pays de ses racines! A travers lui, a travers son village, ses pierres, ses hommes et ses femmes, ce sont nos propres racines qui se prolongent… voire qui nous donnent des ailes!


Le comédien Philippe Vauchel consacre un doux hommage à ses origines. Il nous embarque, cap sur Marloie, sillonnant les chemins de son enfance. Farfouillant dans sa mémoire, il en extrait les odeurs d'un pays, les couleurs d'un village, la saveur des traditions; entretien d'un chaud sentiment d'appartenance... Dès lors, quel autre lieu que celui de la Maison de la Culture Famenne-Ardenne pour partager tout ceci? Le public est à la scène, disposé en cercle. Au centre, un grand rond de bois, de l'herbe, des souches d'arbres... Du bois partout. Délicatement sculpté par Xavier Rijs (dont l'exposition reste visible jusqu'au 11 maià Marche-en-Famenne).

`Nous sommes en 1964...´, un bébé Baloûche va naître. L'intro donne le ton de ce qui va suivre, teinté d'une brassée d'humour et d'une grande flopée de tendresse. Accompagné d'un musicien de choix, en la personne de Didier Laloy - muni de son accordéon diatonique et de son djembé - le comédien et son complice font grimper la magie. Quelques photos; beaucoup de poésie; un savant mélange de conté, bougé, chanté; des accents pimentés; des coutumes rapportées; le discours des revenants et l'ombre des disparus... On boit ce spectacle comme une grande gorgée de générosité. De ce bel hommage, résonne l'authenticité, gardée intacte, jusqu'aux attaques de rigueur dans pareil coup d'oeil au rétroviseur. L'auteur sait aussi se faire virulence...

`Avec le doux mélange d'amour et de haine qui caractérise les enfants qui luttent contre la carapace adulte qui se cristallise irrémédiablement sur leurs épaules´, décrit joliment Benoît Van Dorslaer, qui signe ici une mise en scène rythmée et inventive. En racontant son histoire, son pays, le touchant `gitan de Marloie´ fait perdurer les racines et le petit jardin de tout un chacun, rendant le propos puissant et universel. On entend aussi l'ode à la mémoire. Qu'il partage avec respect, amour et intégrité. Ou comment plonger dans son passé pour encore mieux tisser le bonheur de son présent. Dis-moi d'où tu viens, je te dirai... (S.C.)

La Libre Belgique - 23/4/2002 - S.C.

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