La commedia dell'arte s'installe
sur les toits de l'Innovation!

Un spectacle dans la plus pure tradition de la Commedia dell'Arte créé au Festival Off-Avignon en 2000 et joué plus de 100 fois tant en Belgique qu'à l'étranger.


Sur les toits de l'Innovation, à Bruxelles, une jeune troupe lance ses lazzis vers les étoiles

Il fallait oser. Défier notre imprévisible météo pour programmer un spectacle de tréteaux en plein air, sur le toit du parking des grands magasins «L'Innovation», à Bruxelles, c'est le pari qu'ont risqué les animateurs de «Bulles Production», par ailleurs responsables du «Cyrano de Bergerac» qui vient de se donner au Château du Karreveld.
Bien leur en a pris. D'abord au vu de l'exceptionnelle douceur qui régnait mardi soir pour la première représentation de «La Mascarade fantastique». Ensuite pour l'accessibilité du lieu: six étages de parking déserts attendent la centaine de spectateurs conviés chaque soir à ce spectacle de commedia dell'arte réglé dans la plus pure et populaire tradition par l'Italien Carlo Boso.
Au septième, où l'on accède à pied ou en ascenseur, on débouche sur une vaste esplanade vide d'où l'on découvre un panorama d'une poésie tout urbaine. La vue porte à 360 degrés: le massif parallélépipède de la cité administrative de l'Etat, la non moins imposante nef de la cathédrale des saints Michel et Gudule, la flèche immaculée de l'Hôtel de Ville, le tout hérissé de grues étendant leurs tentacules parmi de fonctionnels gratte-ciel.
Tout au bout de ce plateau, la voile hissée sur les tréteaux invite au voyage. Le clocher de l'église du Finistère, rue Neuve, est si proche qu'on croirait pouvoir le toucher. Pas besoin de frapper les trois coups: à 21 heures, l'église en fait sonner neuf et le voyage peut commencer.
Bateleurs immémoriaux, les comédiens nous convient à leur «Mascarade fantastique», adaptée des Farces de Tabarin par Guy Pion et Carlo Boso. Tantôt masqués, tantôt grimés, sur le canevas d'un mariage imposé mais rejeté par les jeunes gens, les cinq comédiens (Eugenia Gonzales Rosa, David Pion, Erico Salamone, Catherine Swaertenbroekx et Fabio Zenoni) déploient pendant une heure quarante toute la fantaisie et l'énergie dont ils sont capables.
Ce n'est pas toujours d'une finesse exemplaire, mais telle est sans doute la loi du genre. Grimaces, cris et gesticulations sont largement mis à contribution, de sorte que les enfants prennent plaisir à une intrigue que même les adultes ne suivent pas toujours. Là n'est pas l'important. L'Altane Théâtre promène ce spectacle à Avignon, à Marseille, à Barcelone, à Paris et enfin à Bruxelles, sans autre prétention que de proposer un divertissement populaire, nourri de l'actualité et des particularismes du lieu où il se joue.

La Libre Belgique - 22/8/2001 - Philip Tirard

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