«Epoustouflant !» (Le Soir)
Le nouveau spectacle de Bruno Coppens, quinqua véner!

«Ma mère aime beaucoup ce que vous faites.» Une phrase assassine lancée par une jeunette à un Bruno Coppens fraîchement cinquantenaire: de quoi rendre un quinqua nerveux! Epaulé par un comparse musicien-comédien, il se livre à une gymnastique verbale délicieuse et révèle ses talents méconnus de chanteur et danseur.

À 51 ans, Bruno Coppens avait envie de se lâcher dans un spectacle plus complet où il joue avec les mots mais pas seulement.


Ce type n’est pas normal ! Il a un dictionnaire dans le ciboulot, une langue plus souple qu’une contorsionniste chinoise et un intestin entre ses tympans et sa bouche pour digérer des kilos de jeux de mots, de rimes gourmandes et de néologismes insensés.
Déjà diagnostiqué avec cette calembourite aiguë, aggravée d’une dyslexie joyeuse, lors de ses précédents spectacles (Bain Zen et Ma Terre Happy), Bruno Coppens n’arrange pas son cas, loin de là, avec une nouvelle œuvre en trompe l’oreille : Mes singeries vocales, parcours d’un quinqua véner. Pas vraiment requinqué le quinqua depuis qu’une jeunette de 20 ans lui a dit : « Ma mère aime beaucoup ce que vous faites ! » La claque ! Il se sent dépassé et n’a pas vu le temps passer, « ce temps qui nous écharpe ». A l’aube de fêter ses 50 bougies, il traîne dans le bar de son ami Riton à boire des chopes parce que 50 ans, « ça cirrhose ». Lui qui veut rester dans le vent et appeler ses enfants par SMS pour le dîner dérape avec le dictionnaire du GSM. Lui, fier d’être ami avec sa progéniture sur Facebook, se sent pourtant en plein « décalage horreur » avec ces jeunes. De confidences en confidences au barman, Bruno aborde aussi bien l’épilation intégrale que la manie des journées mondiales, l’amour (« Y a-t-il une fille après la mort ? ») mais aussi la Suisse, société à part rentière, et la Belle gicle, ou le pot de terre contre le potferdomme.
A la mise en scène, Eric De Staercke déplace de quelques degrés encore le côté décalé de cette pièce bourrée d’humour et de peps. Dans le rôle du barman, Eloi Baudimont se fait aussi coiffeur ou confident, tout en accompagnant au piano un jongleur de mots qui n’a pas que la langue sur ressorts. Virtuose moulin à paroles, Bruno Coppens ne tient pas en place. Il joue les rockers, fait chanter le public en canon, se transforme en mime Marceau ou se lamente sur ses 50 balais et des poussières tout en balayant le sol avec un balai acheté dans une quinca… illerie. Pour finir avec un ping-pong en improvisation totale avec le public.
Epoustouflant !

Le Soir - 26/11/2010 - Catherine Makereel

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