Amour, haine, vengeance, passion
Une création résolument moderne
Hugo est notre contemporain

La pièce de Hugo a triomphé l'an passé en plein air à la citadelle de Namur… La voici à Bruxelles, dans la cour du Karreveld, dans un univers aquatique! Selon nous, ce spectacle est génial, à la fois populaire, drôle et intelligent. Les acteurs sont fabuleux, la mise en scène est renversante, précise, rythmée et pleine de trouvailles…

Ce spectacle de grande qualité a tout pour séduire un large public populaire: une mise en scène moderne et originale, l’exploitation très impressionnante de l’eau, la musique présente tout au long du spectacle, les costumes…

Entre comédie et jeu réaliste, les comédiens mélangent les registres. Dans une scénographie et des costumes inspiré de Jules Verne. Nous sommes hors du temps, juste dans un récit, une histoire racontée, une histoire incarnée. On voyage à travers la haine, l’amour, la vengeance…

"Nous avons placé cette pièce hors du temps réaliste, dans une sorte de "modernité archaïque" à la manière des mondes imaginaires de Jules Verne. Tout contribue à créer un univers théâtral visuellement intrigant, tant les costumes que la scénographie. Ce qui est privilégié ici c’est le récit, le conte, l’histoire racontée et incarnée. L’idée était de retirer du texte tout le côté historique, et de centrer la pièce sur l’intrigue amoureuse, dans une dimension universelle et a-temporelle"

«C’est une femme qui a été outragée mais c’est une reine qui se venge».


NAMUR - Les Namurois de Jardin Passion livrent une lecture excentrique du « Marie Tudor » de Victor Hugo. Jusqu’à la fin du moisà la citadelle de Namur.

On connaissait le travail de l’équipe de Jardin Passion dans l’intimité de son petit théâtre de la rue Marie-Henriette. On connaissait son attention aux jeunes auteurs contemporains, son goût pour l’humour absurde, son talent pour porter des créations collectives délirantes. Comment cette équipe allait-elle relever le pari d’un texte classique et d’un spectacle d’été en plein air ? La réponse est tombée lundi soir lors de la première de Marie Tudor à la citadelle : Jardin Passion réussi le défi brillamment, avec culot, et sans trahir son identité profonde.
La troupe emmenée par Marc Weiss ne s’est pas laissée impressionner par le texte de Victor Hugo, un monument du théâtre romantique de 1833. Elle a pris le dessus, sans retenue, pour le monter avec la fantaisie qu’on lui connaît. Sérieusement mais sans se prendre au sérieux. Avec impertinence mais sans irrévérence. Bref, celui qui espère une version académique et consensuelle en sera pour ses frais : Jardin Passion introduit une bonne dose de légèreté et d’humour décalé dans ce mélodrame qui, pris au premier degré, pourrait s’avérer globalement ronflant.

Un intrigant à la M. Manatane
Nous sommes donc à Londres au XVIe siècle. Marie Tudor, reine d’Angleterre, vit une passion cachée avec un amant. Un intrigant italien du nom de Fabiani auquel elle a offert les biens de lord Talbot, décapité des années plus tôt. Sous un autre nom, le calculateur Fabiani fréquente en secret Jane, une femme du peuple dont il sait qu’elle est l’héritière de lord Talbot. La jeune femme, qui ignore tout de ses nobles origines, est promise à Gilbert, l’ouvrier ciseleur qui l’a recueillie enfant. La reine et Gilbert vont bientôt apprendre la trahison dont ils sont victimes. Les secrets des uns et des autres vont éclater au grand jour, la haine et la vengeance vont le disputer à la passion et à l’amour…
Seuls les personnages de Gilbert et de Jane, gens du peuple, sont interprétés de façon naturaliste. Les autres protagonistes donnent lieu à des compositions fantasques, flirtant parfois avec un grotesque assumé et venant souvent en contrepoint du texte d’Hugo. Ceux-là font rire, et au premier chef Fabiani, dandy crooner ridicule dans un justaucorps satiné, la mèche folle, le visage teint d’or et des intonations qui rappellent le M. Manatane de Benoît Poelvoorde.
La scène, qui ouvre sur la ville, est ceinte d’un bassin évoquant la froide Tamise (fog inclus) où finiront par plonger plusieurs personnages. Au centre du plateau, l’escalier d’honneur du palais se mue au gré des pivotements en atelier d’artisan ou en cachots. De part et d’autre, des containers permettent de donner de la hauteur à la mise en scène. C’est de là aussi que Lucka interprète, seul, la musique originale de ce spectacle qui aurait mérité un soleil de juillet plus généreux

Vers l'Avenir - 20/7/2011 - Alexandre Debatty

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