93% des personnes interrogées avouent avoir au moins un TOC. Et vous?

Avouez que vous en avez, vous aussi! Même un petit, un caché, un forcément incontrôlé… Chacun vit avec son TOC et se retrouvera donc un peu dans l’un des six personnages délirants de la pièce du fameux sale gosse que l’on adore: Laurent Baffie. Une pièce hilarrante à ne manquer sous aucun prétexte.

Les troubles obsessionnels compulsifs (toc) perturbent la vie de ceux qui en sont atteints et de leur entourage. Lorsqu'on n'y est pas directement confronté, ces troubles du comportement prêtent parfois à rire. C'est dans cet esprit que l'humoriste Laurent Baffie a écrit Toc toc, une pièce de théâtre hilarante qui exploite, sans méchanceté toutes les situations comiques que les tocs, phobies, obsessions ou manies peuvent engendrer.Un festival de gags qui se succèdent sans temps mort.


Fameuse brochette de comédiens dans “TOC TOC” de Baffie par Daniel Hanssens.

Une pièce de Laurent Baffie ? Malgré le succès de "Sexe, magouilles et culture générale" écrite en 2001, l’homme n’est pas célèbre pour la subtilité de sa littérature Agréable surprise, avec "TOC TOC", il signe un texte extrêmement drôle et intelligent où l’humour du vocabulaire fleuri est à la hauteur du comique de situation. Dans une mise en scène de Daniel Hanssens, une belle brochette de comédiens donne vie à cette pièce avec talent et un plaisir évident.

Dans la salle d’attente du grand neuro-psychiatre Stern, si doué qu’on ne revient pas deux fois et chez qui on prend rendez-vous plus d’un an à l’avance, six patients arrivent au compte-gouttes. Tous souffrent de TOC, soit des troubles obsessionnels compulsifs dont la coprolalie, la nosophobie, la palilalie Tant de noms savants pour des manies parfois familières. Le premier - et l’un des plus gratinés - est Frédéric, un homme de 57 ans qui ne peut s’empêcher de lâcher une injure accompagnée de gestes toutes les 2-3 minutes, incarné par Pascal Racan, dynamique, formant un excellent duo avec Daniel Hanssens lui-même, dans la peau de Vincent, un chauffeur de taxi plutôt franc du collier qui, lui, ne peut s’empêcher de tout compter - les secondes, les mots, les lignes sur le sol Il y en a un, justement, qui ne supporte pas de marcher sur les lignes, ni le manque de symétrie : c’est Bob, le joyeux Simon Wauters. Si Lili a un sérieux penchant pour Bob, elle subit un irrésistible besoin de tout répéter deux fois : un rôle difficile servi avec sensibilité par Anna Cervinka, formidable. Quant aux deux derniers personnages, la si expressive Laure Godisiabois se glisse habilement dans la peau d’une névrotique de l’hygiène et la spontanée Colette Emanuelle ne cesse de vérifier dans son sac si elle n’a pas oublié ses clefs.

Tous réunis, ils commencent par se présenter puis imaginent toutes sortes d’activités pour tromper l’attente entre les interventions de l’assistante médicale, Julie Thiele.

Les phobies, troubles obsessionnels compulsifs et manies extrêmes sont un enfer pour ceux qui les vivent et leur entourage. Loin de se moquer ou de se lancer dans une leçon de tolérance, c’est plutôt avec compréhension que l’humoriste Laurent Baffie les exploite pour ce spectacle mis en scène avec un rythme fou par Daniel Hanssens. Excepté l’entracte qui crée une rupture, un festival de sketches se succèdent, nous faisant rire toutes les deux minutes tant par le verbe que par le jeu. Les comédiens incarnent avec une tendre dérision ces personnages au sens de la répartie particulièrement développé. Si la scénographie - reconstitution d’une salle d’attente - et la pièce en soi n’ont rien de novateur, cette comédie savoureuse et hilarante se déguste sans modération. Le spectacle idéal pour les fêtes !

La Libre Belgique - 13/12/2010 - Camille Perotti

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