Une soirée `SO BRITISH " qui fuse et qui pétille

"Les rires des spectateurs fusent sans discontinuer, comme autant de bulles de champagne que les comédiens sifflent joyeusement. Le malheur des uns fait le bonheur des autres: la salle est comble, on a dû ajouter des chaises. L’idée d’un canard à l’orange qui n’en finit pas de cuire sous la houlette avertie d’une vielle domestique, fait craquer de rire le spectateur à chacune de ses apparitions." Arts et Lettres


A l’affiche de la Comédie Claude Volter durant tout le mois de décembre, Le Canard à l’orange – ou The Secretary Bird dans la langue de Shakespeare – est une pièce comique en 4 tableaux de l’auteur britannique, autrefois très populaire, William-Douglas Home.

Rien ne va plus entre Hugh Preston, un animateur-vedette de la BBC, et sa femme Liz. Il est un peu volage et ne prête plus attention à elle ; elle est éperdument amoureuse de son amant John Brownlow depuis 3 mois et veut le divorce.

Mais Hugh ne le voit pas de cet œil. En grand joueur d’échec, il échafaude un plan imparable, dans lequel il est seul maître du jeu, afin de reconquérir sa reine. Mais Liz, son amant et la ravissante secrétaire de Hugh, Mlle Forsyth ne se doutent pas un instant qu’ils ne sont que de simples pions dans cette histoire de triangles amoureux.

Malgré un premier tableau qui s’éternise un peu et qui manque peut-être légèrement de concision, Le Canard à l’orange, mis en scène par une Danielle Fire très inspirée, se veut très drôle, parfois cynique mais toujours pertinent, et insuffle une nouvelle vie – hilarante – à cette pièce écrite il y a près d’un demi-siècle.

Michel de Warzée, directeur de la Comédie Claude Volter et interprète de Hugh Preston, mène le jeu dans cette partie d’échec grandeur nature. Survolté mais toujours juste, il campe ce personnage insaisissable, coincé entre la perfidie et le machiavélisme, mais qui suscite sans nul doute l’empathie du public grâce à son sens de la dérision et ses réparties souvent corrosives.

Laurent Renard dans la peau du richissime et très coincé Brownlow enchante Liz, alias Catherine Conet, mais aussi les spectateurs. Catherine n’a, quant à elle, pas sa pareille pour ce qui est de ne pas être déstabilisée face à un Michel de Warzée intenable.

Françoise Oriane, doyenne de la pièce, incarne la gouvernante, Mme Grey, personnage un peu simplet et très terre-à-terre qui pense tout savoir et tout comprendre, ce qui n’est bien évidemment pas le cas. Ses mimiques inégalables et irrésistiblement drôles régalent les spectateurs.

Laura Savenberg, jeune interprète de Mlle Forsyth, tout récemment sortie du Conservatoire Royal de Bruxelles, brille littéralement par son talent – certes très académique mais déjà impeccable -, et ses tenues affriolantes qui ne laisseront personne de marbre.

Bref, une recette parfaitement réussie pour cette version 2012 du Canard à l’orange. L’occasion pour toutes et tous de retrouver un théâtre à la fois amusant et intelligent, mais aussi de faire une bonne réserve de répliques cinglantes.

Tout est dit, ou plutôt, échec et mat !

Quentin Geudens

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