Un monument signé Shakespaere

Faire du théâtre … c’est avant tout jouer, s’amuser, avoir du plaisir, et partager ce plaisir avec les autres, avec beaucoup d’autres. Quoi de mieux de commencer en partageant avec le plus grand nombre, ce chef-d'œuvre de Shakespeare...


Point final … pour un début
C'est en mars 1996 que débute notre aventure … Les patrons de l'Ex-Voto, un lieu underground plutôt voué aux concerts et aux soirées privées, expriment le souhait de consacrer le dimanche soir à des spectacles de théâtre ou de café-théâtre. Marie-Hélène Remacle saisit leur proposition au bond et réunit autour d'elle trois autres comédiens: Valérie Lemaître, Pierre Pigeolet et Benoît Verhaert.
Notre petit groupe accouche très vite d'un spectacle: «Le point final». Le premier spectacle de ce qui va devenir une longue série. Et déjà la comédie… La pièce raconte les malheurs d'un écrivain aux prises avec les personnages de ses romans à deux sous…
Très vite, le succès aidant, il nous faut nous trouver un nom. Comme il n'y a pas de réel chef, aucun de nous ne veut prêter son nom à la compagnie. Pas de Compagnie Marie-Hélène Remacle, donc. Très vite, nous ressentons aussi que nous ne revendiquons pas UNE façon de faire du théâtre mais autant que nous sommes d'individus. Nous décidons alors de créer la Compagnie Jean Bertoche, en l'honneur d'un illustre inconnu.
Tout ce qui va guider le travail de la Compagnie les années suivantes est déjà bien présent: la furieuse envie de l'écriture et du «tout est possible, tout est permis».

L'Ex-Voto, lieu magique … ferme
Un an plus tard, ce lieu, si riche en événements culturels doit fermer ses portes, «faute de subsides». Nous y avons créé quatre autres spectacles: «Dessine-moi un...», «René», «Kontainer Kats», «Les Saisis». L'équipe s'est agrandie pour compter jusqu'à quatorze bertochiens: douze acteurs venant des horizons les plus divers, un technicien son et un technicien lumière. Cette fois, c'est une vraie troupe.
Philippe et Vincent, les patrons de l'Ex-Voto, nous ont permis de naître et de nous épanouir, à l'abri. Grâce à eux, la jeunesse de la Compagnie s'est faite dans la joie et dans une liberté totale de création. Aucun compte financier à leur rendre, les recettes reviennent entièrement à la Compagnie. Comme un dimanche d'argent de poche. Plus que merci à eux, de tout cœur...
Quelques bulles pour continuer…
C'est à ce niveau qu'intervient dans l'histoire la rencontre avec les gens de "Bulles Production", lors de représentations de «Kontainer Kats», à l'Ex-Voto en juin 1997. Sans eux nous n'aurions pas eu la force de continuer dans des conditions aussi désorganisées que précaires. Ils nous ont apporté une structure solide et la confiance qui faisaient parfois défaut.
Ils sont cinq, ils ont notre âge, ils sentent bon le sable chaud et ont le même désir d'aller vers d'autres paramètres de création, non pas «révolutionnaires»,mais en contact direct avec la réalité. Un théâtre d'acteurs qui rapproche les comédiens des spectateurs par le rire et l'émotion. Une approche peut-être plus instinctive mais qui pousse à rechercher une autre vision de l'acte théâtral, guidée elle, par le plaisir.
L'asbl Bulles Production, c'est notre ossature, notre partenaire de tous les jours pour mener notre bateau si nous ne voulons pas que toute cette énergie parte en fumée. Nous ne leur dirons sans doute jamais assez merci.

Une boîte et un stade de foot… En pleine série de "Kontainer Kats" et de "Les Saisis", l'Ex-Voto doit donc fermer ses portes. Une semaine pour trouver une salle, pour honorer les réservations… Nadia et Vincent, les patrons du Bazaar, un magnifique restaurant dans les Marolles nous tendent la main. Sous leur restaurant, ils exploitent une discothèque trois jours par semaine. Ils nous prêtent ce lieu le dimanche soir, nous proposant ainsi des conditions similaires à celles de l'Ex-Voto. Le rêve continue…
Il faut souligner que les comédiens de "Kontainer Kats" et de "Les Saisis" jouent, pour la plupart, dans divers théâtres bruxellois du mardi au samedi et qu'ils consacrent leurs dimanches soirs à
représenter les spectacles de la Compagnie Jean Bertoche au Bazaar. Mais alors, quid du lundi? Repos? Et bien, pas vraiment, car des représentations de "Kontainer Kats" et de "Les Saisis" sont données dans une cafétaria de stade de foot!
Le théâtre c'est donc aussi déménager 15 gradins, 120 chaises, deux décors, 10 projecteurs, deux régies, sans camionnette et donc dans 8 voitures, après avoir joué, dans la nuit du dimanche au lundi, d'une boîte branchée de la capitale vers une cafet' de stade de foot.
Et le public du Public
Et puis bien sûr, il y a Michel Bogen du théâtre Le Public, un des rares programmateurs potentiels à s'être déplacé, malgré
nos nombreuses invitations, pour assister à une représentation de "Kontainer Kats" à l'Ex-Voto. En nous accueillant dans son théâtre pour une longue série de représentations de "Kontainer Kats", il nous permet de franchir une autre étape dans le cheminement de la Compagnie Jean Bertoche. Merci Pati. Merci Michel.
Quand les huîtres se cachent pour mourir
Durant la saison 1999-2000, Valérie Lemaître a mis en scène son second texte au Théâtre Le Public: “Quand les huîtres se cachent pour mourir”. Plus de cinq mille spectateurs applaudiront à nouveau cette création.

Plus de quatre ans, déjà. Des milliers de spectateurs. "Kontainer Kats", sera joué durant la saison 2000-2001 à l’Opéra Royal de Wallonie et y fêtera sa centième représentation!

Alors, la Compagnie Jean Bertoche, notre particularité? Aucune. Si ce n'est d'avoir un metteur en scène et deux auteurs qui se débrouillent parmi nous. Pas de "chef" mais seulement des spectacles à donner au public le plus large possible, et une liberté que nous gardons précieusement.

(Eté 2000)

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