L’une fuit sa maison de retraite,
l’autre sa famille.
Louise Rocco et Marie-Hélène Remacle

L’essentiel est de fuir. Ces deux malaimées que tout oppose font du stop au même moment et au même endroit. D’abord concurrentes, elles vont peu à peu devenir des complices. Entre fou rire et tendresse, la bonne humeur contagieuse de ces héroïnes nous emmène sur le chemin de la vie.

Personne ne sait où elle est ma place!
Margot et Claude se la disputent, cette place au bord de la nationale. Il est trois heures du matin: les pouces levés, les deux femmes tentent leur chance. Les amateurs de stop pourront certifier qu’à moins d’avoir une bonne étoile, en cette nuit d’été, les deux rivales n’iront pas bien loin… "Je joue ma vie ! – moi c’est du sérieux"... Elles finissent par avouer la raison de leur présence incongrue: Margot est partie après les 18 ans de sa fille, "20 ans de guerre des nerfs, 20 ans de résistance" ; et Claude fuit la vie moche et ennuyeuse des Glaïeuls, sa maison de retraite "où il ne pousse que des chrysanthèmes".


Fugueuses est la 125ème pièce que vous interprétez au Théâtre des Galeries ! Quel effet cela vous fait-il ?
Aaaaaah !? Vous en savez plus que moi ! Et bien j’espère que ce ne sera pas la dernière, et puis voilà !

Avez-vous toujours le trac ? Comment cela se répercute-t-il sur votre travail ?
Ah oui, bien sûr ! Je pense que le trac fait partie intégrante du métier d’acteur. Évidemment, j’espère qu’il ne se répercute pas de façon visible sur la scène… J’espère que c’est un bon trac ! Vous avez des tracs qui paralysent… En principe quand on débute, on a un trac paralysant. On n’a plus de salive, on n’a plus rien… c’est l’horreur ! Et puis, plus un acteur évolue dans sa carrière, plus son trac change, et il vous booste plutôt !

Avez-vous un souvenir particulier avec le metteur en scène David Michels ?
Je n’ai pas de souvenir particulier… Mais j’aime bien travailler avec lui ! C’est vrai que ce n’est pas la première fois que je joue dans une pièce mise en scène par David. J’ai joué dans le premier spectacle qu’il a monté au Théâtre des Galeries, c’était La Présidente (Saison 99/2000). Je me souviens que j’avais été secouée par la rapidité avec laquelle il mettait en scène… Mais depuis, il s’est calmé, et c’est très chouette de travailler avec lui !

Vous identifiez vous au personnage de Claude ?
Ah oui, absolument ! Tout d’abord parce qu’on a le même âge ! Claude fugue d’une maison de retraite où elle a été placée par son fils qui ne veut pas s’occuper d’elle. Elle n’a plus envie de voir des vieux, elle a envie de vivre l’aventure ! Oui, je me sens vraiment très concernée par ce personnage !

Pourriez-vous décrire le personnage de Margot, votre partenaire, en quelques mots ?
Margot est une mère au foyer qui vient de fêter les 18 ans de sa fille unique. Elle l’a élevée, elle a fait tout son parcours avec elle… et c’est au moment de l’anniversaire de sa fille que Margot réalise qu’elle n’a plus rien à attendre de sa vie. Son mari lui est un peu indifférent, cela n’a jamais été le grand amour entre eux. Et donc cette femme décide de fuguer parce qu’elle veut vivre ! Ou du moins découvrir autre chose que son petit ménage « merdique »… Elles tombent l’une sur l’autre parce qu’elles font du stop ensemble. Et ce qui aurait pu se passer très mal, car au début elles ne s’apprécient pas et ne cesse de s’envoyer des vannes, s’arrange par la suite de la pièce et elles deviennent amies.

L’idée de fuguer vous est-elle déjà passée par la tête ?
Cela dépend où on se trouve. Je sais que j’ai déjà eu envie de foutre le camp, mais cela dépend d’un lieu bien spécifique. Mais vraiment fuguer, partir sans laisser de nouvelles à personne… non ! Je ne me suis jamais retrouvée dans cette position-là, heureusement… C’est parce qu’en principe, je ne suis pas vraiment forcée de faire des choses… je fais un peu ce que je veux !
C’est vrai que quand j’étais toute jeune, je suis partie seule à Paris. A cette époque-là, je m’étais dit qu’on ne pouvait devenir comédienne que quand on était passée par là. Ce qui était complètement idiot ! J’ai été crever la dalle à Paris, et cela ne m’a pas apporté grand-chose au niveau de ma carrière. J’ai suivi quelques cours et j’ai fait quelques petites figurations dans des films, notamment un film de Godard, mais c’est tout… Je n’y ai pas appris le théâtre ! J’habitais dans une petite chambre de bonne, je n’avais pas de pognon, c’était la cata ! J’ai appris à faire des tas de choses pour me démerder… j’ai décapsulé des bouteilles dans un snack bar… Mais une chose est certaine, ce séjour m’a appris à vivre ! Et ça, c’est très important !

Retour à la page précédente