Toute la légèreté comique et satirique d'un Labiche,
qui nous fera revoir notre grammaire.

Pour répondre à un article d'Émile Zola qui ne lui reconnaissait qu'une qualité, celle d'être un "rieur", Eugène Labiche écrivit: "Je trouve que vous avez parfaitement caractérisé la nature de mon talent (si talent il y a) : je suis un rieur. Quelques-uns voient triste, moi, je vois gai, ce n'est pas ma faute, j'ai l'œil fait comme ça. Je n'ai ni à m'en applaudir, ni à m'en excuser. J'ai beau faire, je ne peux pas prendre l'homme au sérieux, il me semble n'avoir été créé que pour amuser."


Voilà 40 ans que le Théâtre des Galeries part en vadrouille l'été et met au vert Molière, Labiche, Beaumarchais ou d'autres cousins d'écriture. Selon les lieux, ils frôlent de leurs satins l'élégance classique d’une cour de château, ils paissent au milieu des champs, entre grange et écurie, ou devant la façade d'une ferme.

Cette année, c'est La Grammaire de Labiche, qui s'y colle, sous la conduite de Bernard Lefrancq. A chaque jour son lieu à apprivoiser, en quelques heures : les entrées, les sorties, les lumières se réinventent, les fenêtres résistent, les coulisses et les commodités s'improvisent, parfois à l'autre bout de la maison. La position du public modifie les angles d'approche... Et c'est toute la convention théâtrale qui prend un coup de jeune ou de franche comédie !

Comédiens et spectateurs réinventent les règles du jeu, sans filet mais avec un plaisir et parfois des fous rires non dissimulés. Les répliques sonnent à un autre diapason, et si le vent emporte l'une ou l'autre syllabe, il peut aussi faire le coquin sous les jupons, à moins qu'une bourrasque ne renverse la carafe ou la tasse. La complicité est de mise, elle se prolonge très souvent autour d'un verre.
Débarqués l'après-midi, en camion et minibus, les artistes de la scène et les techniciens de l’ombre repartent à la nuit bien installée, les indispensables accessoires rangés, les costumes protégés. Demain est un autre jour, un autre ciel,…

Bernard Lefrancq nous explique en deux mots son attachement à cette tournée: "C'est l'aventure ! Comme chaque endroit est différent, il y a des contraintes au niveau du décor, de la mise en place et de la façon de jouer. Chaque jour est un challenge parce qu'il faut s'imprégner du lieu dans lequel on va jouer et adapter le spectacle. Comme il s'agit d'un vaudeville, il faut adapter la pièce qui se passe normalement à l'intérieur à un espace en plein air. Le principe est qu'il faut jouer face public et projeter ses répliques. Le comédien tient le spectacle sur ses épaules du début à la fin. Par cette tournée, on retrouve l'esprit de Molière, c'est-à-dire une troupe itinérante qui va à la rencontre du public. On arrive, on pose nos tréteaux, on joue et on a un contact direct avec le public avant de repartir. Comme les conditions sont difficiles, il faut une entente parfaite entre les comédiens. C'est un contexte particulier où l'enthousiasme, le dynamisme et l'ambiance ont un rôle prépondérant. "

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