Un Fou Noir au Pays des Blancs
ou comment survivre dans la jungle européenne

Réfugié congolais en Belgique, Pie Tshibanda a exercé précédemment le métier de psychologue. Son livre "Un Fou Noir au Pays des Blancs" s'est vendu à plus de dix mille exemplaires et en est à sa 1500ème représentation théâtrale.
Dans cette pièce pleine d'humour, il retrace les sentiments qui habitent tous les réfugiés: l'angoisse du refoulement, les premières difficultés d'adaptation, la nostalgie du pays, de la famille où les enfants grandissent sans leur père et se demandent les raisons de cet abandon. Mais, surtout, l'écrivain congolais scrute d'un œil aigu la société qui l'accueille.
Il décrit les cercles qui peu à peu s'agrandissent pour lui faire place, depuis ce jour où le fou venu d'Afrique, fou de solitude, assoiffé de contacts, prend l'initiative d'aller frapper aux portes de ses voisins belges pour se présenter à eux, les saluer comme les nouveaux venus le font dans son pays. Jusqu'au jour où le curé du village l'invite à venir parler de lui, donner les raisons de son exil, évoquer sa famille lointaine. Pie Tshibanda découvre alors que la solitude n'est pas inéluctable, que la bulle de ses voisins peut aussi cacher des trésors de gentillesse.


Pie Tshibanda, marié et père de six enfants, est originaire de Kolwezi, une ville située au sud du Congo, dans la région du Katanga. Ses ancêtres, originaires du Kasaï, avaient émigré au Katanga, après que l'on avait découvert l'existence, dans cette région, de richesses minières.

Les autorités congolaises avaient fait venir des travailleurs du centre du pays et même des pays voisins pour travailler dans les mines. Petit à petit, les familles immigrées du Kasaï prirent leur place au Katanga. On constata même qu'en un demi-siècle à peine, la descendance kasaïenne avait accédé aux professions les plus prestigieuses et les plus prisées du Katanga. C'est un jeu de haine et de jalousie qui suscite alors, en 1995, une épuration ethnique dont furent victimes les zaïrois originaires du Kasaï.

Psychologue, écrivain et auteur d'une dizaine de livres, Pie Tshibanda estime alors devoir dénoncer les massacres dont il est le témoin. Après s'être réfugié au Kasaï avec sa famille. Il réalise un film vidéo, publie une bande dessinée et écrit des articles qu'il adresse à plusieurs maisons de presse du monde entier. Il devient alors rapidement un témoin gênant. Pie a quitté le Congo parce qu'il y était en danger de mort. C'est pour survivre qu'il a dû quitter sa femme, ses enfants, ses amis, son pays.

Dés son arrivée à Zaventem, en 1985, Pie Tshibanda prend conscience de la différence de culture à laquelle il va être confronté : on le tutoie, on le fouille, on met en doute sa licence en psychologie.

Il comprend à cet instant, qu'en franchissant la frontière belge, il n'est plus l'intellectuel estimé qu'il était auparavant. Il est désormais un étranger, qui va devoir trouver sa place et faire ses preuves.

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