Au XIème siècle, Milarepa fit un trajet ahurissant:
de bandit, il devint saint.

Eric-Emmanuel Schmitt, dans ce monologue qui est aussi un conte dans l’esprit du bouddhisme tibétain, poursuit son questionnement philosophique : la réalité existe-t-elle en dehors de la perception que l’on en a ?


« […] Au XIe siècle, Milarepa fit un trajet ahurissant : de bandit, il devint saint. Consacrant sa prime
jeunesse à la vengeance, voleur, incendiaire, assassin, il passa le reste de sa vie à marcher vers le
calme et le Bien. Les hautes figures spirituelles sont toujours des acrobates, des spécialistes du
grand écart. Elles parcourent les extrêmes de l'humain. Elles nous nourrissent par l'exemple de leur
grand voyage, car, elles, elles parviennent au terme, alors que nous, milliards d'humains ordinaires,
nous ballottons sans cesse du Mal au Bien, de la douleur au bonheur, du calme à l'inquiétude, sans jamais nous fixer, sans jamais nous purger, sans jamais nous engager absolument. Milarepa avait la
pureté d'un achèvement. J'ai écrit un monologue. C'est une forme théâtrale que j'aime, bien que le passé l'ait ignoré et que le présent en abuse. Car il s'agit bien de théâtre, et non de récit. Le monologue, certes n'est que la parole d'une conscience mais il offre des espaces de jeu au comédien, il fait place à d'autres personnages, aux dialogues, aux scènes, aux ruptures de ton et de temps. Dans Milarepa, je me suis ingénié, de façon bouddhiste, à faire en sorte que les "je" se succèdent, voire se confondent, car le narrateur Simon, un homme d'aujourd'hui, doit achever le cycle de ses vies antérieures en les narrant au public. Le monologue, tout naturellement et tout philosophiquement devient donc duologue, trilogue, voire plus... Une expérience troublante pour le comédien, mais encore plus pour le spectateur. »
Eric-Emmanuel Schmitt

« L’air des cimes tibétaines traverse ce monologue confié à un homme d’aujourd’hui. […] Eric-Emmanuel Schmitt s’empare de cette histoire avec une belle simplicité, une foi, une sorte de belle lumière qui donne à sa plume la sincérité, l’allant, les éclats… »
Olivier Schmitt - Le Monde

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