Musical (1992)


Musique: Sylvester Levay
Paroles: Michael Kunze
Livret: Michael Kunze

Elisabeth, impératrice d’Autriche (1837-1898) apparaît dans ce drame musical comme une femme en lutte pour obtenir sa propre liberté. Parce qu'elle est issue d’un monde dont le déclin est évident, la "modernité" d’Elisabeth la contraint à une isolation désespérée. Et pourtant, elle porte sur elle l’image obsolète du pouvoir des Habsbourg. Son assassinat par l'anarchiste italien Luigi Lucheni était en fait un crime symbolique qui a anticipé la fin d'une époque qui a duré mille ans....

L'Autriche en 1948


L'année 1848 est pour la Maison d'Autriche une année d'épreuve et de deuil. Devant la Révolution triomphante, la Cour doit quitter Vienne à deux reprises, une première fois pour se réfugier à Innsbruck, dans le Tyrol, la deuxième fois pour s'installer à Olmütz en Moravie.

Le 2 décembre 1848, au palais archiépiscopal d'Olmutz, devant un parterre d'archiducs, de maréchaux, de prélats, de ministres, de dignitaires de tous ordres, Schwarzenberg peut lire, à la lumière d'un jour blafard, la déclaration que l'Empereur Ferdinand vient de signer: "Des motifs graves Nous obligent à déposer la couronne impériale en faveur de notre bien-aimé neveu, Son Altesse impériale et royale l'archiduc François-Joseph, après que notre frère bien-aimé S.A.I.R. l'archiduc François-Charles a renoncé pour lui-même en faveur de son fils précité à tous les droits successoraux que lui conféraient les Règles de notre auguste Maison."

Son adolescence et les fiançailles


Lors d'une visite à Berlin, en 1852, le jeune empereur a trouvé fort à son goût Anna, la nièce du roi Frédéric-Guillaume IV. La reine de Prusse n'est-elle pas sa sœur? Elle se trompe; en dépit de ses manœuvres et malgré son insistance, Berlin se dérobe.

L'archiduchesse se tourne alors vers la Bavière, alliée catholique naturelle contre les visées prussiennes sur l'Allemagne du sud.


Hélène et Sissi

Elle pense à Hélène, sa nièce, la fille aînée de sa sœur Ludowika. On imagine avec quel empressement et avec quelle joie, la demande est ac-cueillie: François-Joseph épousera, en effet, sa cousine Hélène.

L'histoire va en décider autrement puisque ce ne sera pas Hélène mais sa sœur Sissi.

Le duc Max n'a, lui, pas voulu quitter sa campagne. Sissi, on ne sait exactement pourquoi, est du voyage. Est-ce pour qu'elle retrouve son cousin Charles Louis, le cadet de François-Joseph, qui éprouve pour elle une vive affection et qui la comble de petits cadeaux d'enfant? Est-ce pour qu'elle rencontre sa marraine, la reine de Prusse qui est aussi attendue à Ischl? Quoi qu'il en soit, nul n'aperçoit, alors, l'étincelle du pétard qu'on vient d'allumer.

Quand il voit Sissi, François-Joseph se rend compte qu'elle est plus jolie que sa sœur. Des yeux magnifiques d'un brun velouté, une peau très blanche, une abondante chevelure auburn en un beau désordre, une silhouette mince et élancée, un rien de négligé qui ajoute au charme en donnant de la vie, et par-dessus tout, quelle grâce!


Sissi


A côté d'elle, Hélène dont la beauté est plus sévère et l'élégance plus conventionnelle, qui soigne sa toilette et arrange sa coiffure - son trousseau est fourni, alors que sa sœur doit se contenter d'une unique robe couleur de pêche, donne une impression de froideur et de sécheresse.

Pour François-Joseph, c'est le coup de foudre.

Dès le lendemain matin, il entre dans la chambre de sa mère et lui déclare tout net qu'il épousera Sissi et non Hélène que pour comble on appelle ridiculement "Néné".

Hélène est plus âgée, plus stable, mieux préparée à la vie qui l'attend, alors que Sissi n'est qu'une gamine. Raisons, objurgations, prières, menaces même, ne viennent pas à bout de l'entêtement de ce fils respectueux qui, pour la première fois, ce sera malheureusement la seule, résiste à une mère qu'il révère et qu'il craint et à qui, il le sait bien, il doit d'être aujourd'hui empereur.

Il lui faut être bien amoureux pour oser affronter, le jour même où il atteint ses vingt-quatre ans, ce potentat en jupon qui ne manque certes pas de cœur, mais qui place au plus haut la règle, la forme, la hiérarchie et les convenances.

Le plus surpris, c'est ce bon duc Max, dans sa gentilhommière, quand il reçoit le télégramme: "L'Empereur demande la main de Sissi et ton consentement". Il croit d'abord à une erreur de transmission et demande une confirmation qu'il obtient. Il ne semble pas qu'il ait éprouvé beaucoup de joie de voir sa fille préférée, son enfant de Noël, sa rose de Bavière, celle qu'il sent et qu'il sait si semblable à lui, s'engager dans une vie fausse, pompeuse, minutée, impersonnelle.

François-Joseph

Qu'en pense Sissi? François-Joseph est certes séduisant: bel homme, aussi bon danseur que parfait cavalier, il porte avec aisance l'uniforme blanc, rouge et or à la tunique corsetée.


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